L’attaquante norvégienne a interpellé l’institution française sur Twitter comme rarement l’a fait une joueuse de football avant elle.
Alors que la Coupe du Monde féminine de football a réussi à enrôler l’un des plus gros partenaires en vue de sa prochaine édition en 2023, c’est l’Euro 2025 et la candidature de la France à son organisation qui ont fait réagir l’attaquante norvégienne de l’OL, Ada Hegerberg. Sur Twitter celle qui a reçu le premier Ballon d’Or féminin de l’histoire en 2018, s’est adressée directement à la Fédération Française de Football dans un message salé. « Organiser des compétions internationales, c’est bien. S’investir dans notre championnat c’est mieux. On est à la ramasse et la CDM 2019 n’a eu aucun impact. », écrit la jeune femme sur son compte Twitter en réaction à l’annonce de la candidature de la FFF pour l’organisation de l’Euro 2025. On se rappelle que lors de la cérémonie du Ballon d’Or en 2018, Ada Hegerberg n’avait pas hésité à répondre au DJ Martin Solveig après qu’il lui ait demandé si elle twerkait. Dans un tribune publiée sur The Player’s Tribune et intitulée « Pas là pour danser », la championne dénonçait ce sexisme.
Organiser des compétitions internationales, c’est bien. S’investir dans notre championnat, c’est mieux. On est à la ramasse et la CDM 2019 a eu aucun impact. https://t.co/yF6ebrAJZs
— Ada S Hegerberg (@AdaStolsmo) February 7, 2022
C’est pas l’avis de beaucoup de gens. On est plus en 1970
— Ada S Hegerberg (@AdaStolsmo) February 7, 2022
Un appauvrissement du football féminin en France ?
Alors que la FFF soulignait le nombre grandissant de femmes dans le monde du football avec un nombre de licenciées qui « a bondi de moins de 90 000 en 2010-2011 à plus de 200 000 en 2020 », c’est le manque de moyen pour médiatiser ce sport et la mauvaise structuration du championnat qu’Ada Hegerberg semble reprocher à l’institution française. Si la Division 1 féminine compte douze équipes actuellement (contre 20 pour la L1), elle avait été menacée de passer à dix. Une réduction de l’élite du football féminin qui avait poussé trente capitaines des équipes de Division 1 et Division 2 féminines de football à rédiger une tribune dans le journal L’Équipe, en mai dernier. Elles dénonçaient un appauvrissement de leur sport.
« À l’heure où les Championnats européens se professionnalisent et se développent à grande vitesse, le nôtre, avec la décision de priver la D1 de deux clubs la saison prochaine, montrerait qu’il s’appauvrit et rétrécit ses horizons. On nous demande de jouer à dix contre les meilleures équipes du monde. », écrivaient notamment Eugénie Le Sommer, capitaine de l’Olympique Lyonnais et attaquante de l’équipe de France ou encore Irene Paredes du PSG.
La France fait pâle figure à coté de l’Angleterre
Le championnat national en Angleterre, qui a vu le jour en 2011, a connu la plus grande couverture médiatique qu’elle n’a jamais eu depuis sa première saison durant l’année 2021. Et les promesses d’audience pour la saison 2022 sont en hausse exponentielle de 300% d’après les spécialistes. Des chiffres qui attirent de plus en plus de sponsors autour de la ligue féminine de football au Royaume-Uni. La raison ? L’Euro féminin qui devait se dérouler cet été en Angleterre, et qui a été reporté d’un an à cause de la pandémie, aura lieu cette année outre Manche. “Les marques voient de plus en plus le sport féminin et ses audiences comme des leviers pour les aider à atteindre leurs objectifs commerciaux”, a expliqué Kelly Simmons, directrice du football professionnel féminin à la Fédération anglaise (FA), à l’agence Reuters.
En mars dernier, le championnat anglais, la WSL (Women Super League) a annoncé l’acquisition de ses droits de diffusion télé par les chaînes nationales BBC et Sky Sports. Un investissement qui s’étend sur trois saisons et qui s’élève à près de 28M d’euros, soit environ 9,3M d’euros par saison, et qui s’accompagne d’une exposition inédite des clubs et de leurs partenaires, la BBC étant une chaîne publique. En comparaison à la France, Canal+ paie 1,2M d’euros par saison pour la diffusion du championnat français de foot féminin.
8 février 2022