SHEIN x Frida Kahlo : la collab polémique

La famille de Frida Kahlo se bat depuis plusieurs années contre l’exploitation de l’image de la peintre mexicaine.

Crédit photo : SHEIN

Alors que SHEIN est dans le viseur de multiples associations qui ne cessent d’alerter sur les conditions de travail des ouvriers des usines du géant chinois, la marque de fast fashion fait de nouveau polémique. En cause cette fois, sa récente collection en hommage à l’artiste peintre mexicaine Frida Kahlo, connue pour être une partisane inconditionnelle des travailleurs et des opprimés du monde entier. Si cette collaboration est bien officielle, elle est au coeur d’une bataille de droit à l’image entre les descendants de Kahlo et une homme d’affaires vénézuélien. Comme le révèle ARTnews, cette collection capsule a été signée avec la Frida Kahlo Corporation, une société panaméenne de licence et de commercialisation qui se bat depuis près de dix ans avec des membres de la famille de l’artiste pour des questions de droits de marque et de propriété. Cette nouvelle collab SHEIN x Frida Kahlo signe un énième litige entre la FKC et certains membres de la famille de Kahlo.

Mort et marchandises

Pour comprendre ce qui se passe au sein du clan Kahlo il faut remonter à 1954, année de mort de la peintre mexicaine. À son décès, l’artiste qui n’avait pas d’enfant ne laissera aucun testament. Conformément à la loi mexicaine c’est sa nièce Isolda Pinedo Kahlo qui va hériter des droits de propriété de Frida Kahlo. En 2003 ils seront cédés à Maria Cristina Romeo Pinedo, fille d’Isolda Pinedo Kahlo qui décidera un an plus tard de fonder The Frida Kahlo Corp. avec d’autres personnes dans le but de vendre des produits dérivés dans le monde entier.

Ces dernières années, cependant, la petite-nièce de Kahlo, Maria Cristina Romeo Pinedo, et sa fille, Mara de Anda Romeo, ont eu de nombreux désaccords avec l’homme d’affaires vénézuélien Carlos Dorado, associé dans la Frida Kahlo Corporation. Elle l’accuse, et donc la FKC d’utiliser l’image de la peintre dans l’accord de la famille. En 2018 c’est l’escalade quand Mattel dévoile une Barbie à l’effigie de Frida Kahlo. Alors que le fabricant de jouet affirme qu’il a travaillé en étroite collaboration avec la famille pour imaginer la poupée, cette dernière se fend d’une lettre sur Instagram et dénonce une banalisation de l’apparence de Frida, dépourvue de vêtements authentiques et du sourcil unique caractéristique de l’artiste, entre autres caractéristiques. Maria et Mara décident d’attaquer la FKC en justice, la poupée est alors retirée du marché mexicain mais pas du reste du monde.

Sur Instagram, de nombreux commentaires pointent du doigt le grand écart entre les positions de Frida Kahlo de son vivant et l’esclavagisme moderne dont fait preuve SHEIN avec ses travailleurs en Chine. Un récent documentaire diffusé en Angleterre révélait les pratiques illégales de la plateforme qui n’offre pas de salaire fixe à ses ouvriers. La rémunération proposée serait de 0.27 yuan (soit 4 centimes d’euros) par vêtement, des retenues sur salaire en cas d’erreur sont également pratiquées et les journées de travail d’un ouvrier avoisinerait les 18h alors que la loi chinoise fixe le seuil à 40h par semaine.

25 octobre 2022

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