Le géant de la fast fashion fait l’objet d’une plainte pour greenwashing.
Parmi une des caractéristiques néfastes de la fast fashion, le greenwashing. Cette méthode de marketing trompeuse vise à rendre en apparence une entreprise polluante plus écologique. Et c’est ce qui est reproché à H&M par une habitante de l’état de New-York qui a porté plainte (PDF) contre l’entreprise suédoise. Chelsea Commodore, experte en durabilité et persuadée d’acheter des produits écolo H&M sous le label « conscious choice » de la marque, a déposé une proposition de plainte en recours collectif au tribunal fédéral de New York le 22 juillet dernier. Une action judiciaire qui fait suite à une longue enquête du site Qwartz, et dans laquelle H&M est pointé du doigt pour son greenwashing. Il est démontré que le géant suédois surfe sur l’intérêt croissant des consommateurs pour la slow fashion et les labels responsables, quitte à utiliser des données falsifiées pour orienter le client vers un achat faussement responsable.
Entre pratiques trompeuses et informations falsifiées
Pour présenter ses produits « comme respectueux de l’environnement alors qu’ils ne le sont pas », écrit la new-yorkaise, H&M aurait employé pour l’étiquetage, l’emballage et les campagnes de publicité de ses produits, des « fiches d’évaluation environnementale » qui ne répondaient pas réellement aux normes de durabilité. À titre d’exemple, H&M affirmait qu’une de leur robe était fabriquée avec 20% d’eau en moins en moyenne tandis qu’une enquête menée par le média Quartz révèle que la robe était, au contraire, conçue avec 20% d’eau en plus. Les mots « plus » et « moins » ont été inversés et changent alors la réalité écologique du produit. Selon Chelsea Commodore H&M aurait agi de la sorte « pour chaque fiche de notation du profil de durabilité » de ses produits.
La gamme Conscious de la marque est également accusée de fausses déclarations. Commodore pointe du doigt le fait que ces produits appelés plus « conscients » par H&M et présentés comme fabriqués avec « au moins 50 % de matériaux durables, tels que du coton biologique et du polyester recyclé » sont conçues en réalité à partir de polyester non recyclé, matériau loin d’être durable car non biodégradable. « Les solutions de recyclage n’existent pas ou ne sont pas commercialement disponibles à l’échelle pour la grande majorité des produits », affirme Commodore dans sa plainte tout en soutenant qu’il « faudrait à H&M plus d’une décennie pour recycler ce qu’elle vend en quelques jours ».
Au-delà d’une demande d’injonction et de dommages-intérêts, Chelsea Commodore demande au tribunal d’accepter sa proposition de recours collectif afin de permettre à d’autres consommateurs ayant acheté des produits H&M contenant un profil de durabilité falsifié de se joindre à l’action. H&M de son côté n’a fait aucun commentaire sur l’affaire pour le moment.
En France, la loi anti-gaspillage interdit désormais la destruction de vêtements invendus aux enseignes de prêt-à-porter.
11 août 2022