Le géant de la fast fashion fait de l’ombre à ses concurrents, à tel point que l’un d’entre eux souhaite faire tomber le leader.
Fashion Nova aurait imaginé un complot qui consisterait à étouffer la croissance de ses concurrents. C’est en tout cas ce qu’affirmait la jeune marque Honey Bum dans un procès intenté contre Fashion Nova devant un tribunal fédéral de Californie en décembre 2020. Selon elle, Fashion Nova aurait organisé un boycott auprès de plus d’une douzaine de fournisseurs qu’elle partage avec Honey Bum. Selon la jeune marque de fast-fashion, ces mêmes fournisseurs auraient annulé « de manière inattendue » ou « refusé de remplir les bons de commande Honey Bum existants » et auraient « rejeté les nouvelles commandes au motif qu’il s’agit d’une « menace pour les marges bénéficiaires de Fashion Nova ». Des accusations qui ont été rejetées par le tribunal de Californie le 6 janvier dernier au motif que Honey Bum n’avait pas été en capacité de prouver la « monopolisation du marché » par Fashion Nova.
La fast fashion : un marché ultra concurrentiel
En réalité le juge a reconnu que Fashion Nova avait bien violé la section 1 du « Sherman Act« , appelé aussi loi antitrust, qui a pour objectif d’empêcher qu’un seul groupe puisse contrôler toute l’activité d’une branche. En mars 2021 lors d’une première ordonnance rendue, le juge avait reconnu que Fashion Nova apparaissait comme un « acheteur dominant » de vêtements dits de fast-fashion et qu’il pouvait être plausible que « Fashion Nova et les vendeurs de Los Angeles se soient engagés dans un refus concerté de traiter avec Honey Bum ». Mais sans avoir établi de contrat stipulant ce boycott avec ses fournisseurs, ce qui annule la Section 2 du Sherman Act qui condamne l’ingérence délictuelle avec contrat.
La série d’emails montrant qu’entre août 2017 et mai 2019, certains vendeurs avaient assuré à Fashion Nova qu’ils ne feraient plus affaire avec Honey Bum, n’a pas suffit à montrer un quelconque complot selon le juge. Cela ne « crée pas un véritable différend selon lequel les vendeurs ont conclu un accord horizontal ». Autrement dit cette entente n’a pas été forcée par Fashion Nova même si elle a été suggérée reconnait le juge. De son côté Honey Bum assure que « les tactiques prétendument monopolistiques et anticoncurrentielles » de Fashion Nova lui ont fait perdre des milliers de dollars, en freinant sa production. Alors finalement, est-ce que ce ne serait pas Fashion Nova qui veut la peau de ses concurrents ? Surement mais en toute légalité.
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21 janvier 2022