À Champigny-sur-Marne, l’ultime revanche de Surya Bonaly

“Vous avez inspiré des générations de patineurs et vous les inspirez encore”. Ce vendredi 20 décembre, la ville de Champigny-sur-Marne, où la sportive a fait ses armes, a rendu hommage à sa championne historique.

Surya Bonaly jeune – Crédit photo : Ablock

La ville d’adoption de Surya Bonaly, Champigny-sur-Marne, a fait honneur à la quintuple championne d’Europe de patinage artistique en nommant une rue à son nom, ce vendredi 20 décembre. Un joli cadeau de Noël pour la sportive de 51 ans, qui a commencé à fréquenter la patinoire de la ville à l’âge de 12 ans. C’est d’ailleurs au coeur de cette infrastructure – qui fête ses 50 ans cette année – que s’est poursuivie la soirée aux côtés du maire Laurent Jeanne et de plusieurs personnalités issues du monde du sport tels que la présidente de la Ligue d’Île-de-France des sports de glace Annick Dumont ou le journaliste et commentateur Nelson Monfort. 

Surya Bonaly dévoile la plaque de la rue à son nom ce 20 décembre – Crédit photo : Ville de Champigny-sur-Marne via Facebook

“Tout a changé dès que j’ai mis un pied sur cette patinoire,” a avoué Surya Bonaly devant la foule, visiblement nostalgique. Originaire de Nice, la famille Bonaly s’était en effet installée en région parisienne après que l’entraîneur de l’équipe de France de patinage artistique, Didier Gailhaguet, se soit aperçu des capacités de la jeune fille, encore enfant. “Je pense toujours à Champigny. J’en ai le cœur serré. C’est ma ville d’adoption,” a ensuite confié celle qui vit désormais aux Etats-Unis, avant de faire une démonstration de ses talents sur la glace. 

Une reconnaissance difficile

Des talents qui ont permis à la jeune Surya Bonaly de se faire rapidement un nom dans le milieu pourtant très fermé du patinage, s’imposant là où elle n’était manifestement pas toujours la bienvenue. Racisme, classicisme, grossophobie… Toutes ces discriminations, la patineuse les a subies, et ce malgré des performances exceptionnelles, qui ne furent pas justement récompensées en raison, notamment, de sa couleur de peau. D’ailleurs, la juge des championnats du monde de 1994 Anne Hardy-Thomas a publiquement estimé que “Surya Bonaly aurait dû être championne du monde. Au moins une fois, si ce n’est deux”. Une affirmation corroborée par la principale intéressée qui a récemment déclaré dans le podcast “Belle Trace” d’Eurosport, “si j’avais été blanche ou Américaine, j’aurais peut-être gagné une médaille d’or aux JO ou aux championnats du monde”

C’est d’ailleurs pour cette raison qu’en 2004, elle devient officiellement citoyenne américaine, et qu’elle s’est illustrée, en parallèle de sa carrière, par son militantisme, en devenant ambassadrice de plusieurs associations, tels que La France des talents et des couleurs, et en prenant publiquement la parole pour dénoncer toute forme de discrimination. Depuis une dizaine d’année, la figure du patinage des années 1990 est redécouverte par les plus jeunes grâce à de nombreux documentaires et reportages lui rendant hommage.

Merci Surya !

De Rebel on Ice (produit par Eva Longoria en 2014) au documentaire Noirs en France (Aurélia Perreau et Alain Mabanckou pour France 2, 2022) en passant par le podcast en six épisodes Surya Bonaly : Corps et Lames (Binge Audio, 2018) et l’épisode spécial de la série Netflix Losers (2019), la figure et l’héritage de Surya Bonaly son plus célébrés que jamais. Le témoignage d’un monde qui change ? “Vous avez inspiré des générations de patineurs et vous les inspirez encore” a résumé la présidente de la Ligue d’Île-de-France des sports de glace vendredi dernier en baptisant une rue au nom de la championne. Le symbole ultime pour toute une nouvelle génération de sportives noires.

26 décembre 2024

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