Au nom du père, des filles et du saint esprit féministe

On n’est pas raccord sur la polémique qui entoure la sortie du film “La Méthode Williams”. Ce dernier qui dresse le portait du père des soeurs Serena et Venus Williams, a été taxé de sexisme.

Ce 1er décembre sortira dans les salles de cinéma “La Méthode Williams” réalisé par Reinaldo Marcus Green. Un film qui dresse le portrait de Richard Williams, père des joueuses mondiales de tennis Venus et Serena. Dans cette nouvelle production hollywoodienne on retrouve Will Smith dans le rôle du paternel, il incarne celui qui “n’avait aucune expérience dans le sport” mais qui élaborera “un plan de 78 pages décrivant l’entraînement des futures championnes” quand il découvrit ce que coûtait réellement un coach. Depuis les terrains de sports d’une banlieue défavorisée de Los Angeles, vers les plus grands courts de tennis au monde, Richard embarquera dans son rêve fou, ses deux filles. Les propulsant sur le devant de la scène internationale. Et alors que le film s’apprête à rejoindre les salles obscures, certains voix dissidentes se font entendre.

Elles reprochent à “La Méthode Williams” d’être sexiste. De raconter l’histoire d’une homme plutôt que celle de deux femmes. Aux États-Unis, la figure paternelle afro-américaine étant souvent mal portraitisée, le film permet de créer un exemple, une inspiration. “Non seulement les histoires de paternité noire sont souvent absentes de la culture pop, mais Richard Williams a été spécifiquement/personnellement victimisé par les médias”, rappelle le journaliste de GQ US, Wesley Lowery qui interrogeait Serena Williams et Will Smith en septembre dernier.

La famille Williams au scénario

En France, la polémique est presque passée inaperçue. Aux États-Unis elle est allée jusqu’à faire les choux gras de TMZ et a animé une partie de la twittosphère durant le weekend. “King Richard”, de son nom original et traduit en France par “La Méthode Williams” efface t-il les personnalités de Venus et Serena ? D’après les première critiques, toutes s’étendent à dire que Will Smith se dirige tout droit vers un Oscar grâce à sa performance, que derrière cette super production se cache le travail d’une famille entière. Venus et Serena Williams ont reçu les crédits de productrices exécutives, tandis qu’Isha Price, l’une de leurs demi-sœurs est également créditée du même statut. La presse rapporte qu’elle se rendait sur le plateau pratiquement tous les jours pour consulter l’histoire. Lyndrea Price, une autre demi-soeur des Williams, a servi de costumière et a aidé à recréer les tenues et les styles des années 1990 des deux championnes.

Les actrices Saniyya Sidney et Demi Singleton dans les rôles de Serena et Venus Williams

“Pendant très longtemps”, Isha Price confie ne pas avoir voulu lire le script, par peur d’y découvrir de fausses perceptions sur sa famille. Mais “après avoir finalement lu le script – riant un peu, étant complètement amoureuse des autres parties et reconnaissant également les choses qui n’allaient pas – nous avons eu une discussion en famille et avons décidé conjointement que nous allions aller de l’avant”, a-t-elle déclaré dans un communiqué. Dans “La Méthode Williams”, les infidélités de Richard sont par exemple évoquées. Elle a également demandé à faire “partie intégrante” de la production afin de garantir l’authenticité du discours et s’assurer que l’histoire était “honnête et vraie et reflétait qui nous sommes“.

De quoi éteindre une polémique et de quoi rappeler que l’angle d’un film ne peut pas toujours être taxé de sexiste quand cela revient à annuler l’histoire de quelqu’un. Qu’il existe des femmes à mettre en lumière mais aussi des hommes. Et l’écriture des femmes dans l’Histoire ne peut se faire en effaçant celle de ceux qui contribuent aussi à écrire la leur.

22 novembre 2021

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