Romane Dicko Fashion Show

La judokate française crée ses propres vêtements, trouvant rarement des habits à sa taille. Adoubant l’adage : on n’est jamais mieux habillée que par soi-même.

Crédit photo : @capuness

Romane Dicko, judokate française et athlète olympique, rentre en piste ce vendredi 2 août dans la catégorie des plus de 78 kilos. Et en dehors du tatami, la sportive s’est mise à la couture. Par plaisir mais aussi par besoin. Trop souvent, Romane n’a pas trouvé sa taille en boutique. Elle confectionne ses tenues à la machine à coudre (qu’elle emmène même en compétition) et en profite pour passer un message de body positivisme dans le sport. Sur Instagram sous le pseudo “Rom la couturière”, elle détaille la confection de ses vêtements, de ses robes de tous les jours à ses tenues pour la cérémonie des Flammes ou le Vogue Fashion World.

Normaliser tous les corps dans le sport

Le 26 juillet dernier, la judokate participait au convoi de la délégation française lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques à Paris. Après une aussi forte exposition, l’athlète a reçu une vague de commentaires grossophobes. Auxquels la sportive s’est empressée de répondre dans une vidéo TikTok déjà supprimée. «Grandissez !», s’exclamait-elle. «Je fais du haut niveau et j’ai des bourrelets, oui, ça existe, et ça ne m’a pas empêchée de gagner des médailles olympiques à Tokyo.»

Médaillée de bronze aux JO de Tokyo, Romane Dicko ne perd jamais l’occasion de s’exprimer sur son rapport à son corps. La sportive confiait sur son compte Instagram : «J’ai toujours eu du mal à accepter ce corps qui n’entrait pas dans les cases, qui sortait des normes. Et avec ma pratique sportive, les formes de ce même corps ont évolué, ont changé. Cela a aussi questionné mon rapport à la féminité. Est ce que je peux être musclée et me sentir féminine ? ».

Si dans son sport, le poids peut-être un atout, dans la vie de tous les jours, les remarques peuvent être difficiles à gérer avoue t-elle. «Mon corps, c’est mon outil de travail donc il faut que je m’en serve de la meilleure des manières. S’il faut que je prenne cinq kilos pour être performante, je prendrai cinq kilos, si je dois en perdre dix, j’en perdrai dix et voilà. Mon poids, c’est vraiment une façon pour moi de performer. Tant que je peux performer, ça m’est égal.», confiait la jeune femme à l’AFP en novembre dernier.

« Je me dis juste que j’ai un poids qui permet d’être performante, que je sois en surpoids ou en sous-poids, peu importe tant que je suis bien avec et que j’arrive à faire mon sport et mon métier, je m’en fous. » — Romane Dicko à l’AFP

Outre-Atlantique, c’est la championne de rugby américaine Ilona Maher qui répondait à un commentaire sur son poids sur Instagram, avec honnêteté, ironie et sassiness. Elle concluait son message par «Oui, je suis en surpoids, mais en attendant, je vais aux Jeux Olympiques, et pas toi.». Sur une autre vidéo publiée sur TikTok, la joueuse de rugby brandissait le message «Tous les types de corps peuvent être olympiques.». Rappelant que normaliser tous les corps dans le sport est un combat qui ne se pratique pas dans les arènes, mais dans les mentalités.

Un pied sur le tapis, un autre dans la mode

Dicko est multi-casquettes, puisqu’au-delà d’être judokate, elle est aussi étudiante en aéronautique et passionnée de couture. Sur son compte Instagram dédié à ses créations, elle présente le processus de couture de ses pièces, dans lesquelles elle inclue l’upcycling et le crochet. Elle a notamment confectionné ses propres tenues pour la cérémonie des Flammes, et pour le défilé Vogue World.

En avril dernier, elle co-créait une collection de lingerie avec la marque Sans Complexe. Un partenariat qui lui a permis d’explorer sa relation avec son corps, et de reconnecter avec sa féminité si souvent bafouée au détriment de son statut de sportive. «J’ai envie de montrer qu’on peut être une combattante, une femme qui se bat sur le tatami et qui aime être féminine !», racontait la judokate.

La mode, pour Romane Dicko est un moyen d’être comme sur le tatami, maitre d’elle même. «La couture est mon échappatoire créative. Quand je couds, je ne pense à rien d’autre. J’emmène même ma machine à coudre en compétition. Je suis une grande taille, je fais du 50, et il y a des pièces que j’aime, que je ne trouve pas forcément en magasin ou qu’il faut retoucher. J’ai commencé à coudre pour faire des vêtements que je trouve beaux et dans lesquels je me sens bien.», confiait-elle au Journal des Femmes. «On me remercie aussi d’expliquer que j’aime la mode et que je galère à trouver des vêtements, que je dois parfois les rafistoler… Ça me fait du bien de le partager et je pense qu’il est important pour la jeune génération d’entendre cette réalité.».

Figure du body-positivisme, engagée sur la santé mentale et sur les réseaux sociaux, les messages portés par Romane Dicko seront toujours un pied de nez aux stéréotypes qui visent les femmes dans le sport.

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