Signé Hubert Guérin, l’ouvrage “Miss France : du rêve à la réalité” fait déjà couler beaucoup d’encre alors qu’il paraît à peine en librairie. Et pour cause : il fait état d’un schéma de violences sexuelles et sexistes perpétué au sein de l’institution.
“Moi, Miss France, j’ai été victime de viols pendant mon année”. Des phrases comme celle-ci, le livre de Hubert Guérin, ancien collaborateur de Geneviève de Fontenay, en contient des dizaines. Des témoignages glaçants et, pour la plupart, anonymes, qui dépeignent une réalité bien plus sombre que celle montrée par celles élues plus belles femmes de France devant les caméras.
Echarpes et abus
Avec pour objectif de “briser l’omerta”, l’enquête de Hubert Guérin revient sur les coulisses du concours de beauté le plus célèbre du pays, entre préparations à l’élection et violences sexuelles en coulisses. Car si la motivation première de l’ex-collaborateur de Geneviève de Fontenay était de raconter l’enver du décor à l’occasion du centenaire du Miss France, très vite, la rédaction prend une autre tournure. “Je n’avais pas du tout prévu de parler de violences sexuelles. Je ne pensais même pas qu’il y en ait eu au sein du concours, affirme l’auteur dans les pages du Parisien. Le sujet s’est imposé. C’est une Miss France qui, la première, m’a parlé de ce qu’elle avait vécu. Je suis tombé de ma chaise.”
Au fil de l’écriture et des rencontres, l’auteur ouvre alors une brèche : celle des abus sexuels au sein du concours. “Élue Miss France, je suis violée quelques heures plus tard.” ; “Le lendemain de mon sacre, je suis forcée à faire une fellation.” ; “Il a frotté son sexe contre ma cuisse. J’étais tétanisée.”… Rassemblant une dizaine de témoignages plus effrayants les uns que les autres, l’ouvrage relate les actes sexuels forcés, le chantage, les humiliations. Et ce, sans jamais donner de noms. “Je ne peux pas faire comme si de rien n’était, mais je ne peux pas non plus trahir leur confiance en révélant leur nom. C’est un moment difficile pour moi car je flingue le concours de Geneviève de Fontenay. Mais c’est nécessaire. Il faut que ces agissements cessent,” poursuit-il, toujours pour le Parisien. Invité de TPMP ce vendredi, Hubert Guérin a tenu à avertir ses futurs lecteurs et autres fans de Miss France : si les faits dénoncés se seraient passés entre 1990 et 2002, “certains hauts dirigeants du concours accusés d’agressions sexuelles sont encore en poste actuellement”.
Les réactions du comité et des Miss
Un pavé dans la mare que ne pouvait pas ignorer Frédéric Gilbert, président de la Société Miss France, qui a publié dans la foulée un communiqué sur Instagram dans lequel il rappelle que ces accusations concernent des événements prétendument survenus avant le rachat de l’entreprise par Endemol puis par Banijay, mais que “s’ils étaient avérés, ces faits toucheraient à des sujets qui [les] concernent tous profondément : la sécurité, la dignité et le respect des femmes”. Du côté des Miss, Valérie Claisse, Miss France 1994, affirme avoir “reçu des lettres anonymes à caractère pornographique” durant son règne. Lors d’une conférence donnée aux côtés de l’auteur, elle a tenu à saluer l’évolution du concours, notamment sous Sylvie Tellier, et du suivi des Miss. “À mon époque, les Miss étaient moins protégées qu’aujourd’hui,” rappelle-t-elle. D’autres reines de beauté s’agacent, en privé : “On a toutes pris des mains aux fesses pendant notre année, déplorent plusieurs reines de beauté en privé. Ce n’est pas tolérable. Il faut que la parole se libère.”
Si l’initiative a été saluée par certaines, d’autres dénoncent un manque de déontologie de la part de l’auteur, voire, des déclarations mensongères. C’est notamment le cas de Sylvie Tellier, ancienne Miss et dirigeante du concours pendant 15 ans, citée à plusieurs reprises par Hubert Guérin. Elle affirme n’avoir pourtant jamais échangé avec l’auteur et dénonce un manque de transparence. “Jamais été victime, ni témoin, ni informée d’agressions sexuelles au sein de Miss France. Je me suis toujours sentie en sécurité auprès de Geneviève de Fontenay qui, comme moi, a fait de la sécurité des Miss une priorité, a-t-elle écrit sur son compte Instagram, Je prends très au sérieux la question des violences sexistes et sexuelles. C’est un combat essentiel. Mais l’anonymat, les amalgames et les approximations ne servent pas la cause des victimes.”
Camille Cerf, Miss France 2015, affirme également ne jamais avoir eu de contact avec l’auteur. Pourtant, lui, assure s’être entretenu avec elle en l’année de son élection sur le plateau de Cyril Hanouna : “Quand je recueille son témoignage en 2015, elle m’explique que dans la rue elle a tous les jours des propositions sexuelles, on lui demande son 06, on lui montre des photos de pénis…” Sur X, la principale intéressée est très claire : “Ce qu’il dit à mon sujet est faux et inventé de toutes pièces. Ses propos sont très graves et je ne compte pas le laisser faire. Pendant mon année et depuis ces 10 années, l’Organisation Miss France m’a toujours protégée.”
8 septembre 2025