Elles mettent parfois de côté chaque mois pour se faire les ongles, c’est aussi plus important pour certaines que d’aller chez le coiffeur. Cinq jeunes femmes nous racontent pourquoi le nail-art leur permet de prendre confiance en elles.
Griffes, couleurs extravagantes, bijoux et jeux de matières, le nail art est un véritable savoir-faire qui fonctionne à la fois comme outil d’affirmation de soi et de boost de confiance en soi. Pour beaucoup, c’est aussi un rituel de self-care, et chaque mois une somme d’argent plus ou moins conséquente est allouée à la beauté des ongles. Une habitude qui peut paraître anodine voire superficielle, mais qui, finalement, en dit beaucoup plus que ce que l’on pense. Que raconte-t-on à travers nos manucures ? Comment est-on perçue par les autres et par soi-même ? Comment les ongles racontent-ils une histoire, un mood, un état d’esprit ? Nous avons interrogé Ornella, Kawthar, Françoise, Eniola et Léa sur leur rapport aux ongles et à leur confiance en elles.
Depuis quand fais-tu tes ongles et à quelle fréquence les fais-tu ?
Eniola, brand content manager à Paris, nous raconte avec nostalgie : «Je fais mes ongles tous les mois depuis 4 ans. Je les ai toujours fait quand j’étais adolescente. C’était un rituel que j’avais avec ma mère. Quand elle allait faire ses ongles, je la suivais et sa nail tech me faisait des petits designs.». Après une pause de quelques années, pour des questions monétaires, Eniola a retrouvé le goût des ongles grâce à ses amies qui lui ont offert une manucure pour son anniversaire. «De là, j’ai grave accroché avec la meuf qui m’avait fait les ongles. Après, elle s’est lancée à son compte, et depuis, on ne s’est pas lâchées » raconte-t-elle.
Pour beaucoup d’entre elles, c’est une véritable relation qui se crée avec sa technicienne des ongles. Une fois qu’elles ont trouvé la bonne, elles ont souvent du mal à aller voir ailleurs. Ornella elle, aussi, s’est attachée à la sienne. «Ça fait 4 ans et je les fais environ une fois par mois chez la même nail artist. C’est un peu devenu ma copine. À chaque fois que j’y vais, c’est un moment où je prends soin de moi et où je retrouve ma copine. On rigole, on se raconte nos vies.», explique-t-elle.
Quel est ton budget manucure ? Peux-tu nous donner une fourchette ?
Prendre soin de soi représente un coût, encore plus quand la pratique est régulière. Françoise, jeune photographe, a décidé d’économiser sur ses dépenses : «En général, je paie à partir de 50-60€ et au-delà. C’est aussi pour ça que j’ai acheté le matériel pour faire mes ongles moi-même, c’est un coût en moins».
Depuis elle réalise ses propres poses elle-même. Un moyen d’avoir une totale liberté de création, et de mettre en application sa vision. Elle a d’ailleurs lancé son propre compte d’ongles press-on sur Instagram. Les prix varient aussi en fonction de l’endroit où on se trouve, comme l’explique Kawthar : «Quand je fais mes ongles en France, je paie entre 40 et 70€. Et la plupart du temps, quand je suis en Côte d’Ivoire, je paie entre 15 et 20€.». Et plus l’on est créatif.ve, plus le budget augmente. C’est le cas pour Eniola qui ne fait que très rarement des poses simples : «En moyenne, toutes mes poses classiques coûtent entre 80 et 90€. Mais ça peut monter à 100-120€ quand je fais des trucs en plus, comme de la 3D, des poses de strass, ou autre. Donc je dirais une fourchette entre 70 et 130€ grand max.», confie-t-elle.
Comment choisis-tu le modèle de ta manucure ? Où trouves-tu tes inspirations ?
Pour la plupart des filles, Pinterest et les réseaux sociaux sont une bonne base de données. Ornella puise dans tout ce qui se trouve autour d’elle : «Ça peut venir d’affiches, de peintures que j’ai vu. Récemment, c’était l’inspiration d’une lampe. Je m’inspire des objets du quotidien, ce n’est pas forcément une image d’ongles.», raconte-t-elle. Mais aussi, grâce à la relation spéciale qu’elle entretien avec sa nail tech, elle lui fait une confiance aveugle. Cela permet une alchimie créative entre le modèle et la technicienne des ongles. «Niveau inspirations, on arrive toujours à s’accorder. La plupart du temps, je lui laisse carte blanche pour faire ce qui lui plait et on est assez raccord, donc c’est simple de bosser avec elle.».
Pour Eniola également, n’importe quel objet, de par son esthétique, peut inspirer sa prochaine manucure. «Parfois je pioche dans les marques, chez les photographes qui me plaisent. Pour ma future pose, j’ai enregistré des images de bouteilles de parfum de Dries Van Noten parce qu’il y a des combos de couleurs qui sont intéressants. Elles sont archi colorées et il y a de la texture. Dans l’idée, je regarde ce qui m’entoure et j’essaie de l’intégrer à mon mood du moment», explique-t-elle.
Pourquoi fais-tu tes ongles ?
Pour Kawthar, il est question de confiance en soi : «La première fois, c’est parce que je n’aimais pas du tout mes ongles. Je les trouvais trop courts. Maintenant, je trouve que c’est une extension de soi et de son style. Même si tu n’es pas maquillée, quand tu te réveilles tu te dis “Ah ouais, je suis cette go” et tu te sens confiante.». Pour Léa, la réponse est évidente : «Parce que j’ai envie de me sentir belle et que c’est un confidence boost. C’est comme quand tu fais tes cheveux, que tu te maquilles ou que tu t’habilles bien.».
Françoise elle, estime que les ongles apportent du détail à un outfit : «Je trouve que les mains, c’est super important. Ça habille, ça parle de toi. Parfois, tu regardes une personne et son style dit beaucoup sur elle. Les ongles terminent un truc. Même si je suis habillée en jogging pour aller à la boulangerie, on voit que mes ongles, on comprend que j’aime prendre soin de moi.».
Au bout de 4 ans, c’est devenu une question d’habitude pour Eniola, elle qui a plus souvent les ongles faits qu’au naturel. «Je n’arrive pas à fonctionner sans ongles. J’ai ma manière de taper sur mon clavier, de scroller sur mon téléphone. Sans ongles, je suis un peu déséquilibrée. Mais aussi, c’est un moment de self- care. Moi, je ne me maquille pas, donc les ongles, c’est mon moment bien-être.».
Qu’est-ce que tu souhaites que ta manucure dise de toi ?
«Moi, je veux vraiment que ça reflète ma personnalité. Cette pose, par exemple, matche vraiment avec moi. Ça crie, c’est pétant, c’est moi. Alors que si ça avait été une petite French manucure, ça n’aurait pas été moi.», confie Léa.
«Quand je fais mes ongles, j’ai envie que ça mette en avant ma créativité. Je sais qu’une femme noire qui est grande, qui n’est pas mince comme Naomi Campbell et qui a des longs ongles, ça exprime quelque chose. Pour moi, c’est une manière de montrer au monde qui je suis : quelqu’un qui est affirmé et qui a des convictions. Parce que travailler dans un milieu corporate et venir tous les mois avec une nouvelle pose, ça peut être un message politique aussi.», affirme Eniola.
Crains-tu le regard des autres et les stéréotypes qui peuvent être associés aux ongles extravagants ?
Ornella dit avoir pris l’habitude des commentaires non sollicités sur ses ongles : «Je me prends tout le temps des remarques, tous les mois quand j’arrive au taff, on me dit “Oh montre !” ou “C’est trop long” mais ça me passe vraiment au-dessus. Et j’ai remarqué que ça vient toujours des gens de la génération d’en haut. Ils ont l’esprit super fermé vis-à-vis de ça. Pour eux quand t’as des ongles longs et extravagants, tu es une incapable, tu ne sais plus rien faire. “Ça se voit que tu ne fais pas la vaisselle, tu ne fais pas le ménage” alors que ça n’a rien à voir. Ça ne change absolument rien. Maintenant j’ignore, ça ne me fait ni chaud ni froid.», avoue-t-elle.
Françoise aussi a appris à passer outre les remarques : «Maintenant je m’en fiche complètement. Je sais que je fais le ménage et à manger. C’est juste que les gens ne sont pas habitués. Ça attire le regard, c’est sûr, je sens dans les transports qu’il y a toujours des yeux dessus.», dit-elle en haussant les épaules.
Pour Kawthar le plus important c’est de s’assumer. «Quand je veux trouver du travail, c’est vrai que j’hésite, mais bon, c’est aussi le cas par rapport à mes sourcils blonds. J’ai appris à passer au-dessus. Je trouve que mon style en général prend de la place, ce n’est pas sur mes ongles que l’on s’attarde.», dit-elle avec confiance.
Dirais-tu que le fait de faire tes ongles te permet de t’affirmer ou d’avoir confiance en toi ?
Eniola : «Les fois où je peux me sentir mal dans mon corps, je me dis toujours “Au moins tes ongles sont beaux” (Rires). Parfois c’est tout ce qu’il faut pour avoir une touche un peu positive et colorée pour permettre de rebooster ma confiance et mon moral.»
Ornella : «Je dirais les deux. Ça habille beaucoup mes mains, en plus de mes tatouages. Je reçois beaucoup de compliments et ça me fait trop plaisir. On reconnaît le travail de l’artiste, et ça veut dire que ce qui m’inspire plait aussi aux autres. Je conseille à toutes les filles d’au moins tester une fois de faire ses ongles, voir ce que ça leur procure.»
Françoise : «Quand je n’ai pas d’ongles, je me sens nue. Comme ça habille mes ongles, ça finit ma tenue, ça me donne un boost. Après, est-ce que j’ai besoin de ça pour avoir confiance en moi ? Non. Mais ça joue beaucoup.»
Léa : «Oui, c’est clairement un plus. Faites vos ongles ! Kiffez ! Courts, longs, French, pas French, gel pas gel, whatever. C’est vraiment un moment où on te chouchoutes, il y a de la musique, tu racontes ta vie à ta nail tech et on prend soin de toi.»
Kawthar : «Definitely. Quand j’ai mes ongles, je me sens trop belle, trop fraîche ! »
Crédit photo : Ginane Chaaban
DA : Hanadi Mostefa
Remerciements spéciaux aux 5 nail-artistes qui nous ont accompagnées sur ce projet : @mademoiselle_mby, @missnastynailz, @freakynails_, @yournailsbycaro, @loovelynailsroom
3 juin 2024
