Les Chinois achèteraient-ils de la mode africaine ?

Durant la dernière Fashion Week de Shanghai, 22 marques africaines ont bénéficié d’un espace de choix pour espérer séduire de potentiels investisseurs asiatiques. 


22 créateurs du continent africains ont été invités à présenter leurs marques lors de la Fashion Week de Shanghai.
Crédit photo : À gauche, KikoRomeo / À droite, Orange Culture

Pour promouvoir sa marque, Mzukisi Mbane, fondateur du label sud-africain Imprint Za, ne s’est ni tourné vers l’Europe, ni vers les États-Unis. Comme 21 autres créateurs, ce qu’il vise, lui, c’est l’Asie. Grâce au financement de la Banque africaine d’import-export, des designers venus du Sénégal, du Nigeria ou encore du Kenya ont ainsi pu assister à la Fashion Week de Shanghai et même organiser un défilé pour présenter leurs collections aux gros bonnets de l’investissement de l’Empire du Milieu, le 29 mars dernier. Parmi les marques présentées, Mantsho d’Afrique du Sud, KikoRomeo du Kenya, Adama Paris du Sénégal ou encore Orange Culture du Nigeria se sont rendu à l’évènement dans l’espoir de développer leur clientèle, avec, en outre, des lancements ciblés sur les plateformes locales d’e-commerce.

Porteuse du projet “Africa Reimagined”, c’est Hannah Wanjie Ryder qui a soigneusement sélectionné la vingtaine de designers invités à pénétrer la semaine de la mode de Shanghai et à les faire participer à l’exposition commerciale MODE, présentée en parallèle de l’évènement. “Si l’on pense à l’avenir du continent africain, nous souhaitons devenir un pôle industriel, à l’image de la Chine. Mais on n’y arrive pas par de petites choses. Il faut être très déterminé. Et nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir pour devenir le pôle industriel que la Chine est aujourd’hui, a-t-elle déclaré à WWD, Nous devons utiliser la mode comme une porte d’entrée, en particulier dans le secteur du textile et de l’habillement. Vous montrez aux gens que vous proposez des produits de la plus haute qualité et des plus beaux. Cela peut les inciter à se dire : « Bon, peut-être que de grandes choses peuvent être produites sur le continent. » Nous allons y investir, en y délocalisant nos usines ou en en ouvrant de nouvelles pour ce marché et aussi pour la Chine”. 

La Chine et l’économie du début

Une volonté qui s’inscrit dans la dynamique “d’économie du début” prônée par la Chine depuis environ un an. Nouveau moteur de croissance de la consommation locale, “l’économie du début” consiste à prouver la vitalité des marchés chinois grâce à une position pionnière. “« L’économie de début » fait référence à la première sortie de nouveaux produits et au lancement de nouveaux formats, de nouveaux modèles, de nouveaux services et de nouvelles technologies par les entreprises, a expliqué Li Gang, l’un des responsables du ministère chinois du Commerce, De manière générale, ces produits et services sont caractérisés par la mode et la haute qualité, ce qui répond efficacement aux besoins diversifiés et de produits de haute qualité des consommateurs”

Revendiquée par Liu Min, directrice adjointe de la Commission municipale du commerce de Shanghai, la mode made in Africa pourrait tout à fait s’inscrire dans cette volonté de croissance de cette “économie du début”. “Nous espérons que plus de marques établiront une présence à long terme à Shanghai,” a-t-elle confié au média franco-chinois French People. Rappelons également que les relations entre la Chine et l’Afrique se sont récemment intensifiées, les échanges commerciaux étant passés de 10 milliards de dollars en 2000 à 220 milliards de dollars en 2014, et n’ayant jamais ralenti depuis. 

23 avril 2025

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