Le racisme s’invite dans le football féminin – l’affaire Jess Carter secoue la compétition

Alors que l’Euro féminin 2025 bat son plein en Suisse, un nuage sombre vient assombrir la compétition : celui du racisme. La défenseure anglaise Jess Carter, pilier de la sélection des Lionesses, a été la cible de violents propos racistes sur les réseaux sociaux.

Crédit photo : Lioness

L’affaire, révélée il y a quelques jours, a provoqué une onde de choc au sein du football européen et met en lumière une problématique trop souvent négligée dans le sport féminin. Le racisme dans le foot féminin existe bien. Si dans son pendant masculin, de nombreuses affaires éclatent, la foot féminin ne semble être qu’au début d’un mal qui ronge toute une société.

Un torrent de haine en ligne

Les insultes ont commencé à fuser sur les réseaux sociaux dès les phases de poules. Jess Carter, défenseure noire, a notamment été prise pour cible après les rencontres contre la France et la Suède. Si les critiques sportives font partie du jeu, la joueuse de Chelsea a été confrontée à un racisme décomplexé, ciblant sa couleur de peau, son apparence, et son origine.

Dans un communiqué diffusé par la Fédération anglaise (FA), Carter explique s’être « retirée temporairement des réseaux sociaux » afin de préserver sa santé mentale. L’affaire a aussitôt été signalée aux autorités britanniques, tandis que l’UEFA et les plateformes concernées ont été sollicitées pour identifier les auteurs des messages haineux. L’Euro Féminin a également communiqué via ses réseaux sociaux pour condamner la haine en ligne.

Un élan de solidarité et de révolte

Face à cette attaque, l’équipe d’Angleterre a rapidement réagi. Plusieurs coéquipières, dont Lucy Bronze et Lotte Wubben-Moy, ont exprimé leur solidarité publique, dénonçant une violence raciale « qui n’a pas sa place dans notre sport ».

« Le racisme a augmenté dans le football féminin à mesure que notre sport s’est développé et a gagné en visibilité », a déploré Bronze en conférence de presse. Wubben-Moy, elle aussi ciblée par des propos haineux, a suivi l’exemple de Carter et a quitté temporairement les réseaux. Les joueuses ont également décidé de renoncer au geste du genou à terre, devenu rituel antiraciste, estimant qu’il avait perdu son impact : « Nous cherchons désormais des actions concrètes pour faire passer un message plus fort. »

Le Premier ministre britannique a lui aussi pris la parole sur les réseaux sociaux.« Il n’y a pas de place pour le racisme dans le football, ni ailleurs dans la société. Je soutiens Jess, les Lionesses et toutes les joueuses ayant été victimes de racisme, sur le terrain comme en dehors. », a écrit Sir Keir Starmer. L’équipe nationale d’Angleterre a également réitéré son message de soutien à la joueuse.

Une compétition sous haute vigilance

L’UEFA, hôte du tournoi, n’est pas restée passive. Déjà en mars 2025, l’institution avait signé une Déclaration des droits humains avec les villes hôtes suisses, prévoyant un cadre de prévention, de signalement et de protection contre les discriminations. Un comité consultatif a été mis en place, ainsi qu’un mécanisme de plainte anonyme indépendant.

Par ailleurs, des équipes de sensibilisation ont été déployées dans les stades, en partenariat avec des ONG et des sponsors comme Lidl, afin d’accompagner les victimes et d’éduquer les supporters.

Un mal enraciné dans la société, pas seulement dans les stades

Cette affaire pose une question de fond : le football féminin devient-il une nouvelle cible pour les extrémismes ? Alors que le sport gagne en popularité, il semble que la haine suive la même trajectoire. L’anonymat des réseaux sociaux, le manque de modération efficace et la sous-représentation médiatique de la diversité dans le foot féminin aggravent la situation.

Lauren James, joueuse de l’équipe d’Angleterre a elle aussi subit du racisme en ligne
Crédit photo : Chelsea

Ce n’est pas la première fois que le foot féminin est éclaboussé par une affaire de racisme. Lors de la Coupe du monde féminine 2023, l’attaquante Lauren James avait également été victime d’abus similaires. Son club, Chelsea, avait publié un communiqué de condamnation après que la joueuse de 23 ans ait de nouveau été ciblée par des propos racistes à la suite d’une défaite en championnat face à Arsenal en décembre 2023.

Et maintenant ?

L’Euro 2025 entre dans sa phase décisive avec les demi-finales à venir, mais l’affaire Jess Carter marque un tournant : celui d’une prise de conscience plus large. Les joueuses, les instances, les sponsors et les fans semblent plus que jamais déterminés à faire du football un espace de respect, d’inclusion et d’égalité. Mais pour que les choses changent durablement, il faudra aller au-delà des messages de soutien et engager des actions concrètes — sur le terrain, en ligne, et dans les structures même du football européen.

La joueuse de l’équipe de France, Alice Sombath


Gianni Infantino, président de la FIFA, a exprimé « son soutien total à Jess Carter » et rappelé que « le racisme n’a pas sa place, ni dans le football ni ailleurs« . Il a exhorté les réseaux sociaux à prendre des mesures urgentes contre les abus en ligne visant les joueuses. Samedi soir pourtant, nous pouvions lire des messages racistes sur le compte Instagram de la défenseure tricolore Alice Sombath après son pénalty manqué face à l’Allemagne. De quoi se dire que cela ne fait que commencer.

21 juillet 2025

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