Baptisée “Les Jardins de la Ménara”, la nouvelle collection de Giambattista Valli célèbre les silhouettes du Maroc et élève la modest fashion au rang de haute couture.
Durant cette Fashion Week Haute Couture parisienne, il y a des défilés qui nous ont plus marqué que d’autres. Parmi eux, celui de l’Italien Giambattista Valli, l’un des rares à pouvoir présenter ses collections sous l’appellation protégée “haute-couture”, qui regroupe les quelques designers (ils ne sont que 16 dans le monde, ndlr) réalisant leurs pièces sur mesure et à la main. Et pour célébrer ce titre tant convoité dans le monde de la mode, le créateur a misé sur le Maroc, pays où il séjourne souvent, en retravaillant certaines des silhouettes les plus emblématiques du pays.
Un savant-mélange des genres
Dévoilé le lundi 27 janvier dernier, le show intitulé “Les Jardins de la Ménara” – tirant son nom du célèbre lieu de méditation de Marrakech -, était un hommage non dissimulé à la culture marocaine, particulièrement appréciée par le créateur. “Que ce soit à Rabat, à Casablanca ou à Marrakech, le Maroc est un endroit où l’on arrive et où l’on change vraiment,” a d’ailleurs confié Valli, qui a su utiliser les techniques de couture parisienne pour proposer une vision haute-couture de la mode marocaine. “Ce genre de dialogue entre les cultures, je pense que c’est très important,” a-t-il souligné.
Si les broderies et les bijoux clinquants étaient là pour rappeler l’opulence de l’architecture et des tenues d’apparat du pays, certaines silhouettes, elles, évoquaient des vêtements plus traditionnels, très présents dans la modest fashion. On a ainsi vu sur le catwalk des djellabas, des capes, des haïks revisités ou différents modèles de caftans réinterprétés, en brocart, en mousseline de soie, à rayures ou à plis Watteau.
Une inspiration qui ne date pas d’hier
Si les politiques font la chasse à l’abaya, sur les podiums, la mode issue du monde arabe est souvent célébrée et Giambattista Valli est d’ailleurs loin d’être le premier à lui rendre hommage. Également fasciné par le Maroc, Yves Saint-Laurent y pose ses valises pour la première fois en 1966, rapportant de ses nombreux séjours à La Médina des centaines d’idées. Le pays insufflera un véritable renouveau dans la création du designer, qui y reviendra d’ailleurs deux fois par an, en décembre et en juin, pour y dessiner ses collections dans lesquelles on trouve des hijabs, des tarbouches, des sarouels ou des caftans.
Un exemple bien connu des aficionados qui n’est bien sûr pas le seul. En 2016, Céline, sous la direction de la styliste Phoebe Philo, réinterprète la babouche marocaine quand, en 2018, Gucci s’inspire des bijoux berbères dans sa collection. Manque de pot : avec ses copies conformes des bracelets en argent à 800 euros, le créateur énerve et est accusé d’appropriation culturelle. Christian Lacroix, Jean Paul Gaultier, Christian Dior… Tous ont déjà revendiqué leur amour du Maroc dans des collections haute-couture. De quoi inspirer le prêt-à-porter et détendre un peu les ministres français ?
Tous les looks du défilé
30 janvier 2025