La jeune femme est revenue sur les raisons qui l’ont poussé à quitter l’industrie de la mode.
En novembre 2020 elle annonçait son retrait des podiums. Quelques mois plus tard, Halima Aden, première mannequin portant le hijab, est revenue dans une longue interview sur les raisons de sa mise en retrait du monde de la mode. Dans un entretien pour BBC World Service en partenariat avec Tommy Hilfiger, la somali-américaine de 23 ans s’est confiée sur de nombreux épisodes qui l’ont gêné pendant ses années de mannequinat jusqu’à réaliser que son hijab se rétrécissait à vue d’oeil. « La mode peut être très exploitante (…) Au cours des deux dernières années, j’ai fait confiance aux équipes sur les plateaux pour s’occuper de mon hijab et c’est à ce moment-là que j’ai rencontré des problèmes », explique t-elle, « comme un jean placé sur ma tête à la place d’un foulard ordinaire. La façon dont ils l’ont stylisé, j’étais si loin de ma propre image. Mon hijab n’arrêtait pas de rétrécir et devenait de plus en plus petit à chaque prise de vue« .
La jeune femme toujours proche de certaines marques telles que Fenty Beauty mais aussi Tommy Hilfiger dit s’être sacrifiée pour offrir plus de visibilité aux femmes portant le hijab, tout en atteignant ses limites. « Je veux que les filles sachent que Halima a pris une décision pour l’équipe. J’ai sacrifié ma carrière pour qu’elles puissent se sentir à l’aise pour s’exprimer dans n’importe quel contexte ». Mais si la lumière braquée sur elle a bien fait réagir une industrie qui mettait les femmes voilées de côté, la modèle s’est aussi dite tiraillée par des conflits internes. « Quand j’ai commencé, j’ai pensé : « Cela va ouvrir la porte à tant de filles dans ma communauté « . Je n’ai jamais pu feuilleter un magazine et voir quelqu’un en hijab, alors être cette personne pour les autres filles était un rêve devenu réalité. Mais les deux dernières années [de ma carrière], j’ai eu tellement de conflits internes ». Notamment en raison de traitements différents constatés sur certains photoshoots.
Halima Aden, the world’s first hijab-wearing supermodel, meets fashion designer Tommy Hilfiger to discuss quitting the industry and discrimination in fashion pic.twitter.com/ioo8xMcNO4
— BBC News (World) (@BBCWorld) July 22, 2021
« J’étais sur un tournage avec une autre modèle musulmane et j’ai eu une cabine pour me changer, pas elle, elle a du aller aux toilettes. Cela ne me convenait pas » se rémémore Halima Aden. « Il doit y avoir de la diversité dans l’équipe de maquillage, les cheveux (et) les stylistes. Il ne s’agit pas seulement d’avoir un podium diversifié. Il s’agit aussi des gens dans les coulisses », poursuit-elle, invitant ainsi l’industrie à mieux réfléchir son appréhension des communautés. Un sentiment partagé par le designer Tommy Hilfiger qui est revenu sur le départ de la jeune femme.
« Je pense que cela a été un signal d’alarme pour l’industrie parce que je pense que d’autres marques et d’autres designers se sont demandé ce que nous avions fait de mal », a déclaré celui qui avoue se battre pour plus de diversité dans la lumière comme dans l’ombre des défilés.
23 juillet 2021