L’horreur du procès Mazan dépasse les frontières, de même que la dignité de Gisèle Pelicot, érigée en icône féministe sur la couverture de l’édition numérique de décembre.
À l’occasion de la journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes, ce lundi 25 novembre, la version allemande du magazine Vogue a choisi de mettre en Une de sa nouvelle édition numérique la Française Gisèle Pélicot, actuellement au coeur du très médiatique procès Mazan. Une date clé puisqu’elle marque également, par un drôle de hasard, celui de l’ouverture des réquisitions contre les 51 hommes accusés de l’avoir violée après qu’elle ait été droguée à son insu par son mari, Dominique Pelicot, pour lequel le ministère public a requis 20 ans d’emprisonnement, soit la peine maximale.
Signée Cecilia Lundgren, l’illustration met en scène une Gisèle Pelicot fière, délestée de ses habituelles lunettes de soleil. Fière d’être allée au bout d’un combat éprouvant, fière d’avoir fait “changer la honte de camp” en rendant son procès public, fière d’être devenue la porte-parole des femmes victimes de violences sexuelles. “Gisèle Pelicot montre l’importance de donner de la voix dans le procès en cours contre son époux (et 50 autres hommes qui l’ont violée), peut-on lire en légende du post Instagram du média d’Outre-Rhin, Elle déclare : « La honte doit changer de camp. » Nous avons consacré une couverture numérique à son courage et à sa force, ainsi qu’à cette journée.”
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« La couverture de l’année«
Un choix éditorial fort, approfondi par la journaliste Livia Sarai Lergenmüller sur le site de Vogue, “Les négociations concernant des actes de violence d’une telle gravité se déroulent généralement à huis clos. D’une part, pour protéger la vie privée de l’accusé, et d’autre part, pour offrir aux personnes concernées un espace protégé, résume la journaliste allemande, Gisèle Pelicot s’en abstient. Elle ne veut pas mener son combat en privé, mais plutôt le rendre public, aux téléspectateurs, à la presse, aux autres femmes. Elle fait du martyre qu’elle a enduré un moment historique et dédie son combat à ’toutes les femmes et tous les hommes dans le monde qui ont été victimes de violences sexuelles’. ”
@ly.as0 #voguegermany !! #giselepelicot ♬ son original – lyas
Largement relayé dans la presse internationale, ce procès historique apparaît comme le reflet monstrueux de la culture du viol – où notions de consentement et violences faites aux femmes sont vainement débattus sur les plateaux pour être mieux invisibilisés -, mais aussi de la résilience féminine. Grâce à Gisèle Pelicot, le message est clair : non, ça ne se passera plus comme ça. Une résilience à laquelle le Vogue Allemagne (à défaut du Vogue France) rend hommage en remplaçant mannequins et célébrités habituellement en couverture par cette nouvelle icône féministe, représentée sur fond rouge. De quoi alimenter les réseaux sociaux où l’on ne cesse de saluer l’initiative du magazine en parlant déjà de “couverture de l’année”. Qui fera définitivement rentrer la mode (et plus particulièrement Vogue) dans une nouvelle ère plus sociale ?
27 novembre 2024