S’il a été l’une des plus grosses fortunes de France, ce soixantenaire est aujourd’hui dans le viseur de la justice française.
GAP France a officiellement été placé en redressement judiciaire le 1er mars dernier, juste après avoir cessé ses ventes sur internet. Tous les magasins Camaïeu ont fermé leurs portes fin septembre 2022. Go Sport connait un redressement judiciaire. Vingt-cinq magasins Galeries Lafayette de province ont été placés sous procédure de sauvegarde, mesure qui s’applique à une entreprise dont « la trésorerie n’est plus suffisante pour régler ses dettes « . Toutes ces enseignes dont la déroute interroge ont un point commun : Michel Ohayon. Cet homme d’affaires bordelais a, depuis 2018, mis la main sur ces marques en déclin. « Il se présentait comme le réenchanteur des centres-villes de France désertés par les commerces. », décrypte Le Figaro. En 2017 Le Point lui consacrait un portrait le qualifiant de « conquistador ». Mais après une crise du covid qui a fragilisé le secteur du prêt-à-porter milieu de gamme, cet homme « parti de rien » se retrouve dans le viseur de la justice. C’est toute sa filiale, la Financière immobilière bordelaise (FIB), qui est en plein naufrage.
Le Bernard Tapis bordelais
Fils d’un marchand de tissus, Michel Ohayon débute sa carrière dans l’habillement à côté de Bordeaux où il ouvre dans les années 80, un magasin Daniel Hechter en filiale. Dans les quinze années qui vont suivre, il achète plusieurs boutiques qu’il loue à des enseignes comme Zara ou H&M dans le centre ville de Bordeaux. C’est ainsi qu’il bâtit sa fortune et son patrimoine dans l’immobilier. Il détient aujourd’hui plusieurs hôtels haut de gamme, dont trois sont placés en redressement judiciaire : Le Waldorf Astoria Trianon Palace à Versailles, le Sheraton à Roissy et l’intercontinental de Bordeaux. À Marseille il s’était lancé dans la construction d’une résidence de prestige « BAO » qui devait être finalisée en 2017 et dont les futurs habitants sont toujours en attente de livraison de leurs biens.
Le cauchemar éveillé que vivent les salariés de ces enseignes, ces futurs propriétaires, s’étend jusqu’à des étudiants obligés d’arrêter leurs études en cours d’année scolaire. En effet, en 2019 Michel Ohayon avait ouvert plusieurs écoles privés sous le nom de « Campus Academy ». Sur six établissements (Aix-en-provence, Angers, Lyon, Nantes, Rennes et Toulouse), deux ont dû fermer leurs portes en pleine année scolaire. Une troisième devrait suivre le même chemin en 2023 détaille Challenges. Un chaos scolaire qui a incité une trentaine de familles d’étudiants à porter plainte contre le réseau « Campus Academy » pour escroquerie et publicité trompeuse. Certains étudiants ont déboursé près de 15 000 euros et n’ont jamais reçu de diplômes.
La gestion des business de Michel Ohayon a aussi été questionné par deux cent ex-salariés Camaïeu qui ont porté plainte pour « abus de biens sociaux » contre le magnat de l’immobilier et du prêt-à-porter. Ils s’interrogent sur des « opérations financières anormales » qui auraient mené l’enseigne à sa perte. Une alerte de plus qui a poussé le parquet de Paris à se saisir du dossier Michel Ohayon fin février dernier alors que le Parquet de Grenoble enquêtait déjà sur le dossier Go Sport.
"Sa responsabilité est écrasante": des élus CFDT de Gap France étrillent la gestion de Michel Ohayonhttps://t.co/FRFBXv9k8R pic.twitter.com/vBAwnddmRV
— BFMTV (@BFMTV) March 1, 2023
L’effondrement du groupe d’Ohayon alliant immobilier et commerce de détails sur fond de surendettements pourrait bien se finir devant les tribunaux pour cavalerie généralisée et abus de bien sociaux. En 2005 pourtant, Michel Ohayon figurait dans le Top 500 des plus grandes fortunes de France. En 2021 encore, sa fortune était estimée à 650 millions d’euros. Bientôt plus qu’un château de cartes ? Ohayon qui s’est exprimé auprès de France3 Nouvelle-Aquitaine, se dit lui victime “d’un lynchage totalement injuste. Je ne compte pas participer à entretenir ce cercle médiatique vicieux. Nous sommes concentrés sur notre travail, la préservation de nos actifs et de l’emploi. Ce sont les seules choses qui comptent.”
7 mars 2023