« Beurettes, un fantasme français », le livre témoignage de 23 femmes

L’exception française décortiquée.

Lisa Bouteldja se réapproprie les stéréotypes liés aux femmes d’origine maghrébine
Crédit photo : via Lisa Bouteldja Instagram

Beurette. Un petit mot devenu en quelques années une insulte sexiste qui fait l’objet d’une enquête dans le livre « Beurette un fantasme français » paru au Seuil ce 6 mai. La journaliste de L’Obs Sarah Diffalah, et la prof en histoire du cinéma à l’université de Paris, Salima Tenfiche, détricotent un cliché qui squatte même en haut des recherches de sites porno. Il vous suffira de tapper le mot beurette dans Google pour vous apercevoir immédiatement que le terme est relié à tout un tas de vidéos squattant les sites X. « C’est devenu une insulte (…) avant ça désignait la fille d’origine maghrébine bien intégrée, c’était un peu le symbole républicain à l’inverse du beur, qui lui était le voyou bruyant des cités », explique Sarah Diffalah au micro de Radio Nova.

Beurettes et sexualité

Alors comment est-on passé de symbole républicain à cliché raciste ? C’est ce que tentent d’expliquer les deux écrivaines à travers le témoignages de 23 femmes, anonymes ou célèbres comme l’actrice Sabrina Ouazani ou la cheffe d’orchestre Zahia Ziouani. « Il vient d’un héritage colonial, ce n’est pas anodin que ce terme soit l’un des plus recherchés sur les sites porno. On y retrouve deux types de femmes, celle un peu chaude à la sexualité presque animale et l’autre, la femme voilée musulmane, qui est pudique et dont on va enlever le voile et qui suscite de l’excitation et du désir », note Sarah Diffalah qui avoue qu’aucune des filles maghrébines vivants en France, qu’elles ont interrogé, n’a été surprise qu’on leur parle de sexualité. « Elles avaient bien intégré que la beurette représentait une fille hyper sexualisée. »

Des témoignages d’anonymes ou de personnalités célèbres

Alors que Basma, interrogée dans le livre dit avoir eu le sentiment d’incarner une « expérience sexuelle » exotique, l’actrice Sabrina Ouazani reconnait les mêmes clichés dans l’industrie du cinéma avec une évolution selon les périodes. De 2002 à 2010, on lui propose de jouer des « Maghrébines sous la coupe d’un homme autoritaire qui l’oblige à mettre le voile, qui n’a pas le droit de sortir et de s’habiller comme elle veut« , puis « des femmes qui vivent dans une cité noire et violente« , ou alors « la beurette qui veut s’émanciper sexuellement« . Pour enfin finir sur le rôle de la femme qui se fait embrigader par amour par un extrémiste. « C’est une réalité que nous pouvons montrer au cinéma. Mais on se contente toujours de dire que l’islam est en cause. Or ces situations touchent davantage à l’humain, à l’amour, au désespoir. Mais on n’investit pas ces champs-là. Je refuse de nourrir le monstre, l’amalgame et le racisme« , précise l’actrice.

Le livre « Beurette, un fantasme français » est disponible aux éditions du Seuil.

18 mai 2021

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