Utilisé à l’origine pour traiter le diabète, l’Ozempic a rapidement été détourné pour son effet coupe-faim radical. Et si les effets sur le corps sont bien visibles, ceux sur le visage aussi. Et ça, les adeptes du médicament s’en passeraient bien.
Indiqués dans le traitement du diabète de type 2, les médicament de type glucagon-like peptide-1 (ou GLP-1), comme l’Ozempic ou Wegovy, ont rapidement fait des émules à Hollywood. Non pas qu’il y ait plus de diabétiques dans cette partie de la Californie qu’ailleurs, mais parce que les injections se substituent aux régimes miracles. En à peine quelques mois, les kilos fondent comme neige au soleil et toutes les stars qui se faisaient allumer sur leur poids sur les tapis rouges affichent désormais des silhouettes ultra-minces. De quoi encourager le commun des mortels à, lui aussi, se tourner vers ces médicaments avec l’espoir de se tailler un corps de rêve sans trop d’effort. Problème, l’Ozempic a un coût : environ 935 dollars par mois aux États-Unis, auquel les célébrités ajoutent sans problème des liftings pour éviter le phénomène de “l’Ozempic face”.
Maigrir ou rajeunir, faut-il choisir ?
En effet, déjà controversé pour son utilisation détournée, l’Ozempic suscite de nouveau la polémique en raison de ses effets secondaires. “Suite à une perte de poids drastique, quelle qu’elle soit, la peau du visage peut présenter des niveaux réduits d’élasticité et de collagène, explique chirurgien esthétique Glyn Estebanez à Vanity Fair, Après la prise d’Ozempic, nous constatons que le volume de graisse diminue, s’agglutine et se déplace vers le bas, de sorte que les traits auparavant plus charnus s’affaissent, et que la peau qui était lisse et tendue se relâche et pend.” Pour résumer : plus le corps maigrit vite, plus le visage en pâtit. Interrogée par le New York Times, une consommatrice d’Ozempic l’admet : “Je me souviens m’être regardée dans le miroir, et c’était presque comme si je ne me reconnaissais plus. J’avais un corps magnifique, mais mon visage paraissait fatigué et vieux.”
Et si la quête de la minceur suit les femmes, génération après génération, celle-ci semble entrer en conflit avec un autre désir intergénérationnel : celui de rester jeune éternellement. Spécialiste de l’obésité et présidente du réseau européen Eurobesitas, la Docteure Dominique Durrer rappelle que le phénomène n’est pas nouveau : “Si vous perdez du poids très rapidement, disons 40 kilos en quelques mois, vous allez prendre 10 ans”, rappelant au média Heidi que cela s’observe régulièrement dans le cas de chirurgie bariatrique. “Les gens veulent perdre de la graisse, mais oublient que c’est la graisse qui nous donne l’air jeune,” résume Elizabeth O’Neill, résidente en chirurgie plastique et reconstructive au centre médical de l’université Rush à Chicago.
En plus de voir la peau s’affaisser, des problèmes cutanés, une perte de cheveux, des ongles cassants peuvent survenir après la prise d’un médicament encourageant une perte de poids trop drastique. “Plus la perte de poids est rapide et plus le déficit calorique est important, plus l’organisme commence à réguler négativement les systèmes qui ne sont pas essentiels à sa survie,” rappelle au National Geographic Robert Kushner, spécialiste de la médecine de l’obésité et professeur au département de médecine et d’éducation médicale à l’école de médecine Feinberg de l’université Northwestern.
Le coût de la perfection
De quoi ravir les professionnels de la médecine esthétique, qui n’ont pas tarder à flairer le bon filon. En effet, 70% des centres et professionnels dispensant des soins esthétiques aux Etats-Unis proposent en parallèle des analogues du GPL-1, d’après une enquête d’Egora. Selon une étude menée par Boston Consulting Group en janvier dernier, les traitements esthétiques consécutifs aux AGPL-1 – et notamment des injections de comblement -, pourraient représenter à eux seuls deux milliards de dollars du marché total.
Sur son site, la chirurgienne esthétique Lucie Duclos l’avoue : elle a constaté une “augmentation des patients cherchant des solutions à cette conséquence imprévue, souvent dans la trentaine, la quarantaine ou la cinquantaine — des âges où le collagène naturel et l’élasticité commencent à diminuer.” Comme solution, la professionnelle conseille des fillers, “une solution rapide et peu invasive, redonnant du volume à la peau pour imiter la plénitude perdue avec la graisse.” Une solution qui, là encore, à un prix : entre 300 et 600 euros par seringue. Catherine Deneuve le disait : “À un certain âge, il faut choisir entre sa gueule et ses fesses.” Mais à Hollywood ou sur TikTok, le choix est manifestement difficile à faire.
7 mai 2025