La com ultra-maîtrisée de Booba dans les médias et par les médias

On appelle ça de la promo oui. Mais de là à ne confronter le rappeur à aucun de ses problèmes actuels ? Non.

Crédit photo : DCNTD

La séquence amuse les internautes et même Mélenchon. Invité du plateau de TPMP, Booba reçoit de la part de Cyril Hanouna un buzzer lui permettant de couper toute personne avec qui il ne veut pas débattre. En face de lui Jean Messiha se prend une rafale de bip bip. On reste pantois plus qu’hilare. Jusqu’à ce que l’éviction du chroniqueur du plateau télé vienne définitivement clore une séquence malaisante. La personnalité de Jean Messiha, connue pour ses prises de positions proches de l’extrême droite, dérange. Personne ici sur ce média ne prétendra le contraire. Mais depuis quand un artiste invité devient l’animateur, le juge et le bourreau ? Les dernières secondes de l’échange entre Booba et Cyril Hanouna viendront expliquer à quel point l’émission de C8 n’a aucune impartialité. Tout sourire, l’animateur dévoile la nouvelle devanture des studios d’enregistrement de TPMP rebaptisés : Les Studios Du Duc de Boulogne. “Tu es ici à la maison”, lance Hanouna. La Messe est dite. Elle ressemble plutôt à celle d’une secte.

Sur Brut juste avant, on s’attendait à une interview plus tumultueuse. Rien de tel. Si la journaliste semble au début titiller Booba sur la façon dont il critique la France, la suite est ponctuée de sourires et de rires et de questions qui sont toujours les mêmes. On veut connaître l’avis de Booba sur le voile, sur pourquoi il a été banni d’Instagram. Des questions quasi-rhétoriques qui ennuient autant que l’album Ultra. Booba défend les libertés, il sait se faire le porteur de combats justes et nobles, mais qu’en est-il des raids numériques qu’il lance sur ses réseaux sociaux au point de se faire bannir à vie d’Instagram ? Des plaintes ont-elles été déposées ? Que répond-il aux accusations faites sur l’éviction du 92i d’une membre de son équipe après sa prise de position sur le harcèlement des femmes dans le monde de la musique ? Et sur le clash violent avec l’animateur du Mouv’ qui l’a poussé à porter plainte ? Seul L’Obs semble ne pas avoir peur de Booba en publiant sa critique d’Ultra, qualifiant ce dernier disque de pourboire pour les réseaux sociaux. N’hésitant pas à comparer le Duc à Vitaa ou Lara Fabian. Elie ça va pas faut que j’te parle.

Nutella ou confiture ?

Sur Konbini ensuite, le fameux tu préfères. Nutella ou confiture ? Karim Benzema ou Maes ? Et sinon OKLM ou Ünkut ? Lequel des deux as-tu fait le moins fructifier ? On vous rassure, c’est nous qui venons de rajouter ces questions. Parce qu’évidemment personne n’abordera ce sujet épineux avec lui. Pourtant le Duc a bien laissé mourir son média dans le plus grand silence. Sans qu’encore une fois la presse en parle. Pas le nec plus Ultra. Alors on pose la question ici : pourquoi celui que l’on présente aussi comme un homme d’affaires n’a pas réussi ses deux plus gros projets business ? Et on vous le donne en mille Konbini trouve le dernier album de Kopp incroyable. Du coup incroyable ou incroyable ?

Dans C ce soir sur France 5 Booba promet aucun tabou pour cette émission d’une heure. À la table, la même journaliste que sur Brut qui chronique la carrière du rappeur. On s’interroge. À ses côtés, la journaliste, historienne et écrivaine Laure Adler apporte de la densité à l’écriture de Booba. “Chez vous les couleurs sont des sons”, lance-t-elle. “Moi je peux me prendre la tête deux semaines sur une virgule”, lui répond le Duc. S’ensuit une émission où l’artiste n’est évoqué que comme un poète, comme un numéro 1 qu’il est. Mais jamais comme un bourreau. Ce qu’il est aussi sur les réseaux sociaux. Temps archi mort.

5 mars 2021

Previous Article

Quand la Fashion Week de Paris se tranforme en drive-in

Next Article

Aimé Leon Dore se la joue Friends & Family pour son nouveau lookbook

Related Posts
Lire la suite

Yseult peut-elle contrôler la presse ?

La chanteuse a demandé à une journaliste du Monde de réécrire son article, avant de donner les rush de son interview à un autre magazine français.