Au Maroc Maison ARTC défie les lois de la superposition

Et met les pleins phares sur un paysage mode arabe encore trop peu connu.

Crédit photo : Maison ARTC

Au Maroc bien loin des runway et de fashion week digitales une petite griffe arabe vient sublimer les codes de la superposition. Faisant s’entremêler des tissus contemporains ou d’un autre temps, son créateur Artsi réveille un monde endormi. Fusionnant les représentations arabes et un imaginaire développé il fait danser ses silhouettes aux allures de statuts vivantes. Quasi romanesques ces dernières prennent vie sur des décors tout aussi surchargés. Mais comme Artsi le dit si bien : « Moins c’est plus et plus c’est encore mieux quand c’est bien fait ». Rencontre.

ANCRÉ : Pouvez-vous nous parler un peu de la naissance de Maison ARTC ? Que signifient les lettres ARTC ?

Maison ARTC : J’ai créé Maison ARTC il y a 5 ans après un long voyage à essayer de comprendre mon rôle dans le monde de la mode. Ça représente la créativité, la culture, la durabilité, l’art et c’est une véritable déclaration. Les lettres ARTC représentent mon nom (artsi) mais c’est écrit d’une manière différente, ARTC signifie ART et le C signifie créativité.

Parlez-nous de vous Artsi, où avez-vous grandi ?

Je suis né à Jérusalem dans une famille juive marocaine. Pendant mon enfance mon père travaillait au musée israélien et j’ai passé la plupart de mon temps dans les archives du musée. J’ai aussi été danseur de ballet pendant la majeure partie de ma jeune vie, mais je me suis intéressé à la créativité et au design très tôt, c’était un processus très naturel pour moi de grandir dans la mode et l’art et d’une certaine manière c’était mon maktub (destin, ndlr).

Votre marque est basée à Marrakech et le Maroc est un pays riche de cultures, mais son nom n’est pas encore sur la carte de la mode. Comment expliquez-vous cela ?

Je suis très heureux que mon pays soit riche en culture et en art, je suis également très heureux que ce ne soit pas sur la carte de l’industrie de la mode. Maison ARTC par exemple ne crée pas nécessairement de la mode, elle est très bien synchronisée avec le Maroc et sa culture riche pour l’amener à sa manière, vers un nouvel avenir.

Crédit photo : Maison ARTC

L’ADN de votre travail est basé sur le mélange. Mélange de tissus et d’objets anciens avec un œil contemporain. D’où vient cet amour de la fusion ?

Je pense que nous gardons tous en nous une partie de notre passé, je suis très intuitif dans mon travail et le mixage est pour moi un processus très naturel. Je crois fermement qu’à travers mon travail et mes vêtements je peux toucher les souvenirs des gens, et ce mélange est la force et la voix de Maison ARTC.

Parlez-nous du tissu vintage que vous utilisez dans vos collections. Où les trouvez-vous ?

Eh bien, je suis un voyageur et mes tissus viennent du monde entier. Je suis très intéressé par la recherche sur les tissus et la culture artisanale, en particulier tout ce qui est fait à la main et ancien. Je peux me rendre sur des marchés vintage, aller voir des revendeurs ou tout simplement piocher dans des objets que je chine. J’aime aussi tomber sur des choses inattendues, cela me surprend.

Vous utilisez également des objets de la vie quotidienne comme une portion du fromage la Vache qui rit, un sac ou un gant en plastique, un tapis… Que signifient-ils pour vous et pour la mode ?

Je ne pense pas à la mode quand je crée, je pense à l’expression de soi et à ce qui me motive. Les objets que j’utilise pour ma photographie sont des choses que j’ai trouvées inspirantes et j’ai retrouvé la beauté en eux, je crois fermement que cela a à voir avec les souvenirs et les émotions qui leur sont liés.

Nous avons parlé de mix mais la superposition est également au centre de votre travail. Plus c’est mieux pour Artsi ?

Moins c’est plus et plus c’est encore mieux quand c’est bien fait.

Crédit photo : Maison ARTC

La haute couture n’a jamais vraiment empower, donné de l’espace, à la culture arabe. Comment l’expliquez-vous ?

Tout d’abord, le Maroc dans son essence et sa culture n’est pas seulement un pays arabe, c’est un pays plus autochtone d’Afrique du Nord. Deuxièmement, il est très hypocrite de la part de l’industrie de la mode de ne pas considérer la haute couture comme faisant partie de la culture du monde arabo-africain, car à notre époque, il est l’un des clients les plus importants et un marché en croissance. Beaucoup d’influence de l’ouest vient d’ici. Espérons que Maison ARTC sera l’une des nouvelles influences capables de briser cela.

Sur votre site Web vous citez deux hommes très différents : Walt Disney et Napoléon. Pouvez-vous nous dire pourquoi ?

Walt Disney est l’enfant en moi. Je ne parle pas de l’homme lui-même mais de ses créations. Napoléon, encore une fois pas l’homme lui-même, a juste si bien exprimé qu’il existe une ligne très fine entre le sublime et le ridicule vestimentairement parlant.

Vos modèles sont la plupart du temps des femmes. Vous leur donnez le pouvoir. C’est quelque chose qui compte vraiment pour vous, le pouvoir des femmes ?

Sans les femmes, je ne sais pas à quoi ressemblera le monde ou si c’est même possible. Pour moi l’idée de naissance liée aux femmes est dans mon domaine synonyme de l’idée de créativité. C’est liée à la naissance d’une idée. Tout le personnel qui travaille avec moi dans l’atelier sont des femmes marocaines qui m’influencent beaucoup dans ma créativité. J’aime beaucoup les femmes et je le souligne dans mon travail. 

Retrouvez toutes les créations de Maison ARTC sur son site internet. Découvrez également notre sujet : la mode a t-elle un problème avec l’écriture arabe ?

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