À trop vouloir se démarquer, le styliste anglais se serait-il brûler les ailes ?
Daniel Lee, ancien directeur artistique de Bottega Veneta, vient de quitter brusquement son poste comme l’a annoncé le groupe Kering. Une décision inattendue qui arrive après seulement trois ans de loyaux service de la part du styliste anglais, à l’origine du renouveau de Bottega qui connaissait un déclin des ventes au cours des dernières années du mandat de Tomas Maier, son prédécesseur. « Bottega Veneta et Daniel Lee annoncent leur décision commune de mettre fin à leur collaboration », a déclaré le groupe Kering sans préciser si Lee avait été évincé ou s’il était parti volontairement. « Il a apporté une nouvelle énergie à la maison et a grandement contribué au nouvel élan dont bénéficie aujourd’hui Bottega Veneta. », ajoute le texte officiel. Cette annonce survient seulement quelques semaines après la présentation de sa nouvelle collection à Détroit.
Le renouveau de Bottega Veneta
Le 1er juillet 2018, Daniel Lee rejoignait la marque italienne en tant que directeur artistique. « Lee a apporté à Bottega Veneta une perspective nouvelle et un nouveau sens de la modernité, tout en restant respectueux de l’héritage de 50 ans de la marque. La croissance remarquable de la marque au cours des trois dernières années témoigne de la réussite de son travail créatif. », en témoigne Leo Rongon, PDG de Bottega. Son mandat au sein de Bottega Veneta a été marqué par une succession d’articles à succès tels que les sacs « Pouch » et « Cassette » ainsi que les bottes biodégradables « Puddle » et « Tire » que l’on voit un peu partout sur Instagram. Lee est venu redorer l’ADN de la marque à travers ses nuances de verts mais surtout son travail du cuir et du tissage intrecciato en format oversize. En termes de curation culturelle, ce dernier n’a pas eu peur de se frotter au transgénérationnel en enrôlant des artistes tels que Skepta, Slowthai ou la chanteuse vénézuélienne Arca pour ses lookbooks. Un renouveau intégral pour Bottega Veneta qui a connu une augmentation de 2,2% de ses ventes en 2019 tout en continuant de croître jusqu’en 2020, malgré la crise sanitaire.
Des décisions controversées
Mais le passage de Lee au sein de la maison italienne a également été marqué par la controverse. Suite à l’annonce de son départ, des sources proches de Bottega Veneta ont pointé du doigt le comportement de Lee et nombreux turn over que ce dernier a provoqué : « On ne peut nier son talent, mais sur le plan personnel, gérer les relations est une autre affaire, compte tenu également de ses horaires de travail, souvent de nuit. Tant de personnes sont parties, c’était une porte tournante », a déclaré une source au WWD. La marque aurait également cru un peu trop fort en les nombreuses initiatives de Lee, laissant derrière elle les acteurs qui la définissaient depuis le début. Des influenceurs qui ont soutenu ce changement de marque depuis le début, ont été jugés plus suffisamment influents pour véhiculer l’image de la marque sous l’ère Lee. La presse aurait également eu du mal à communiquer avec le directeur artistique suite à la présentation de sa collection Salon 02 dans les couloirs du Berghain à Berlin, suivi d’une after party illégale en plein confinement.
Mais par dessus-tout, la marque sous la direction de Lee a laissé derrière elle ses adeptes, présents depuis le début, après qu’elle ait pris la décision de supprimer tous ses réseaux sociaux. Une décision applaudie comme un geste courageux par une partie du monde de la mode, mais qui sonnait comme un désir de placer la fausse rareté et l’élitisme au coeur de l’ADN de la marque.
En avril dernier, Kenzo se séparait brutalement de son directeur artistique Felipe Oliveira.
15 novembre 2021