Cela fait 10 ans qu’aucun titre de la chanteuse américaine n’avait été mis sur les plateformes de streaming.
« Baby Girl is coming on Spotify ». C’est par ces mots que la plateforme de streaming a annoncé l’arrivée du catalogue musical d’Aaliyah sur sa plateforme. Alors que la musique s’écoute en grande partie via le streaming, la famille d’Aaliyah n’avait pas souhaité diffuser les titres de la défunte chanteuse. Un imbroglio qui dure depuis plus d’une décennie comme le détaille Billboard qui a pu s’entretenir avec Barry Hankerson, oncle de la chanteuse mais aussi manageur. Toujours ému lorsqu’il évoque sa nièce, Hankerson explique que son label Blackground a conclu « un nouveau partenariat avec la société de musique indépendante EMPIRE qui rendra l’intégralité du catalogue Blackground – pas seulement les œuvres d’Aaliyah, mais 17 albums d’artistes dont Timbaland & Magoo, Tank, Toni Braxton et JoJo – disponible en streaming pour la toute première fois ».
Le premier album d’Aaliyah, Age Ain’t Nothing but a Number, est actuellement le seul disponible en streaming. Son deuxième album One in a Million, rejoindra Spotify le 20 août, suivi de la bande originale de Romeo Must Die le 3 septembre et de son projet éponyme le 10 septembre. I Care 4 U et Ultimate Aaliyah seront disponibles en streaming le 8 octobre.
Pourquoi aura t-il fallu autant de temps ?
Plusieurs raisons viennent s’entrechoquer. Le label Blackground a perdu au fur et à mesure ses contrats de diffusion avec Universal ou encore Virgin, laissant ainsi tout un catalogue musical dans l’ombre. La seconde selon Hankerson : le refus de la part de la mère d’Aaliyah, et donc de sa soeur, de ré-entendre la voix de sa fille après sa mort en 2001. « Depuis la mort de ma nièce, je n’ai plus la même relation que j’avais avec ma sœur », confie Hankerson à Billboard. « Nous étions très proches quand nous avons grandi. Je ne sais pas si quelqu’un peut imaginer, mais quand vous perdez un enfant, ou une nièce que vous aimiez vraiment, c’était difficile pour ma famille. Donc, beaucoup de choses dans ma famille ont changé« , poursuit Hankerson avouant qu’il n’a pas parlé à sa soeur régulièrement depuis la mort d’Aaliyah, mais qui garde un amour profond pour sa famille.
C’est ainsi que, lorsque l’accord de distribution final de Blackground (label d’Aaliyah) a expiré, son objectif a été d’honorer le souhait de la famille. « Nous avons eu une conversation selon laquelle elle ne voulait pas que la musique sorte, et quoi que ma sœur m’ait dit, j’ai essayé de faire ce qu’elle voulait que je fasse », explique Hankerson. « En tant que parent, je comprendrais si elle ne voulait pas que la musique sorte. Car qui veut entendre la voix de ta fille qui est partie ? Alors quand elle m’a dit ça, j’ai dit : ‘D’accord, on ne va pas le sortir. Je ne sais pas quand, mais un jour nous le ferons.’ Nous avons littéralement tout emballé et sommes passés à autre chose ».
Mais en 2020, changement de ton, les héritiers d’Aaliyah donnent le feu vert en 2020 pour rendre disponible le catalogue de la chanteuse. Hankerson se met donc en marche et enchaine les rendez-vous pour trouver le meilleur deal. Mais un an plus tard, le son de cloche est différent. Les héritiers dénoncent aujourd’hui « un effort sans scrupules pour publier la musique d’Aaliyah sans aucune transparence ni aucun compte rendu à la succession ». Dans un post Instagram publié sur le compte officiel d’Aaliyah, la peine est palpable: « Nous avons toujours été confus quant à la raison pour laquelle il y a une telle ténacité à causer plus de douleur à côté de ce que nous devons déjà faire face pour le reste de notre vie ».
Difficile donc de comprendre la relation entre la famille d’Aaliyah et son label, mais il semblerait que ce dernier ait eu le dernier mot.
6 août 2021