Le danger des tresses synthétiques

Plébiscitées par de nombreuses femmes noires pour leur facilité d’utilisation, les mèches de cheveux synthétiques présenteraient en réalité de nombreux dangers pour la santé.

Plusieurs études pointent du doigt les dangers des tresses synthétiques. Crédit photo : X-Pression

Accessibilité, rapidité d’exécution, protection des cheveux naturels… Les raisons pour se tourner vers des tresses synthétiques sont nombreuses. Malgré cela, la chimiste spécialiste des cheveux crépus Esther Nuko, elle, a fait du combat contre ces mèches son cheval de bataille. Sur ses réseaux sociaux, la scientifique française alerte sur la composition de ces faux cheveux, parfois pourtant plus vrai que nature. “Rien n’est mentionné clairement sur les paquets”, souligne-t-elle avant de mentionner une étude ayant relevé qu’une “vingtaine de molécules à risque au-dessus de la limite maximale autorisée” composaient ces cheveux synthétiques. 

Parmi eux ? “Des perturbateurs endocriniens, des métaux lourds, des pesticides, et plein d’autres familles de molécules qui créent des problèmes de peaux, endommagent des organes vitaux, entraînent la stérilité, de l’asthme et des cancers”. Un cocktail réjouissant (non) qui concerne notamment les fibres modacryliques Kanekalon, soit les plus répandues sur le marché, qui sont composées d’acrylonitrile et de chlorure de vinyle, tous deux toxiques pour l’homme. D’ailleurs, l’Agence de protection de l’environnement américaine classe l’acrylonitrile comme un cancérigène humain probable quand le National Cancer Institute a établi un lien direct entre le chlorure de vinyle et différentes maladies telles que la leucémie, le lymphôme et des formes rares de cancer du foie, du cerveau et du poumon.

@esthernuko Les cheveux synthétiques sont toxiques !⚠️☠️ Les mèches synthétiques sont généralement fabriquées à partir de deux monomères pour former une matière brevetée, le Kanekalon. Lors du procédé de fabrication, plusieurs agents sont ajoutés pour éviter que les mèches ne soient dévorées par des insectes ou des rongeurs, puis d’autres sont ajoutés pour que les mèches ne cassent pas et restent brillantes. Ce processus crée un véritable cocktail chimique qui entre en contact direct avec ton cuir chevelu, la zone où la peau est la plus fine et la plus vulnérable. Une étude a révélé que de nombreuses mèches contiennent des substances dangereuses, comme des pesticides, des métaux lourds, et d’autres produits chimiques nocifs. Ces molécules, présentes en quantités alarmantes, peuvent causer des problèmes de peau, des troubles respiratoires, et même des cancers. Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que ces produits deviennent encore plus toxiques lorsqu’ils sont chauffés ou brûlés, ce qui est souvent le cas lors de leur utilisation. Comment réduire les risques ? 💦 Un simple rinçage des mèches ne suffit pas, car la composition même des mèches reste toxique. 🪮 Opte pour des coiffures sans rajouts, notamment pour les enfants. Des alternatives plus sûres comme le fil, la laine, ou les mèches végétales sont à privilégier. Alors, est-ce que tu vas continuer à utiliser des mèches synthétiques ?#CheveuxCrepus #CheveuxNaturels #CheveuxAfro ♬ Belonging – Muted

Les femmes noires en première ligne

Alors, comment se fait-il que des produits aussi dangereux pour la santé soient en libre service, sans indication explicite sur leur paquet ? Selon la chercheuse américaine Chrystal G Thomas, “les extensions synthétiques en tant que source de toxines n’ont pas été un domaine d’intérêt” dans la science. Majoritairement utilisées par les femmes noires, ces mèches ne seraient-elles finalement pas l’incarnation du racisme, du sexisme et du classicisme systémique ? « Les femmes noires aux États-Unis sont généralement exposées à des substances cancérigènes en raison d’une réglementation inadéquate des substances impliquées dans le tressage des cheveux, une pratique culturelle de beauté importante”, rappelle Chrystal G Thomas, qui souligne également « cette population est déjà en proie à des taux élevés de troubles endocriniens, de mortalité par cancer du sein et de maladies utérines. »

En effet, en 2022, 34 % des femmes noires adultes américaines utilisatrices d’Internet ont déclaré avoir porté des tresses avec des extensions synthétiques au cours des trois dernières années. “Les soins capillaires impliquant des tresses synthétiques font partie intégrante de la culture noire, en particulier lorsque les femmes noires recherchent des alternatives aux produits utilisés pour se conformer aux normes de beauté eurocentriques néfastes, poursuit la chercheuse, Malheureusement, les efforts actuels de recherche et de politique ne parviennent pas à définir l’ampleur du risque et à protéger les personnes qui apprécient et s’engagent dans cette pratique.”

tresses synthétiques
Crédits photos : Kynd Hair / fibres de bananiers par The Sustainability Fashion Collective

Des alternatives existent

Si les tresses synthétiques sont dangereuses, elles restent néanmoins les plus aborables, continuant de séduire une très large clientèle. Interrogée dans le cadre d’une enquête signée Dazed, Chioma explique : « J’ai porté mes tresses pendant beaucoup trop longtemps, quatre mois pour être exact, ce qui n’est pas génial ou sain pour mes cheveux. » Pourtant, Chrystal G Thomas rappelle que « les extensions sont généralement portées pendant au moins 4 à 6 semaines, avec une exposition continue à des ingrédients cancérigènes pour celles qui réinstallent ensuite leurs tresses tout au long de l’année. »

En cause ? Le coût et le temps d’une session chez le coiffeur, qui ne permettent pas vraiment une régularité de pose : « Si je veux prendre soin de mes cheveux, je dois prendre des jours de congé pour mes congés annuels déjà limités. Je ne peux vraiment pas me permettre de dépenser plus de 100 £ à 150 £ pour mes cheveux ». Dans une société où l’on a appris aux femmes noires à détester leurs cheveux naturels, peut-on réellement les blâmer de s’exposer à des risques pour être considérées comme plus « présentables » dans un monde dominé par les standards de beauté blancs ? Une interrogation qui a d’ailleurs donné naissance au film d’horreur satirique Bad Hair, de Justin Simien (2020), dont l’héroïne passe par les pires souffrances pour tenter de percer dans le cinéma.

Malgré tout, Esther Nuko préconise d’apprendre à coiffer ses cheveux naturels, notamment pour les enfants, qui restent les plus exposés. “Les jeunes, avant 12 ans, sont plus vulnérables, notamment parce que leur système respiratoire et immunitaire n’est pas encore totalement développé”, précise la chimiste à l’AJ+ français. Plus facile à dire qu’à faire lorsqu’il s’agit des siens. Alors si vous souhaitez continuer d’utiliser des rajouts, la spécialiste conseille de se tourner vers des tresses au fil, avec de la laine, ou les extensions végétales, en fibre de bananier par exemple. “Elles permettent de garder le même rendu que les mèches synthétiques, sans les inconvénients”. Ça tombe bien : on vous a sélectionné quelques marques, aussi bonnes pour votre santé que pour la planète. 

11 mars 2025

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