Les deux géants de l’ultra fast fashion se feront bientôt face lors d’un procès historique à Londres, prévu pour 2026.
C’est un peu l’équivalent mode du meme des deux Spidermans. Rappelez vous : l’année dernière, Shein attaquait Whaleco UK Limited (dont le propriétaire est Temu PDD Holdings) en justice aux Etats-Unis pour plagiat et non-respect de la propriété intellectuelle. Le géant de la fast fashion a ainsi accusé son concurrent “d’avoir engagé des influenceurs de médias sociaux pour faire des “déclarations fausses et trompeuses à l’encontre de SHEIN dans leurs promotions de Temu.com”, comme l’a relaté Reuters, mais également de violation des droits d’auteur au sujet de photos de certains produits disponibles sur le site. Un coup de pression qui n’a visiblement pas plu à l’entreprise rivale qui a riposté, en février dernier à Londres, accusant son principal concurrent d’enfreindre la législation britannique sur la concurrence en proposant des accords d’exclusivité à des fournisseurs, évalués à 4,2 millions de livres.
Portée devant la Haute Cour de Londres, l’affaire a débuté ce mardi, lors de premières audiences préliminaires durant lesquelles les avocats de Temu ont déposé des documents juridiques avançant que Shein “inonde Temu de notifications injustifiées de violation de droits d’auteur, perturbant la vente de produits”. Un gros dossier dont on connaîtra la conclusion en 2026, et qui ne sera probablement pas le dernier.
Temu, dans le viseur de la justice européenne
En effet, régulièrement épinglées pour leurs bilans environnementaux et les conditions de travail de leurs salariés, les deux entreprises chinoises sont des habituées des tribunaux. Le 31 octobre dernier, la Commission européenne a d’ailleurs ouvert une enquête contre les pratiques commerciales de Temu, jugeant que la société ne se positionnait pas suffisamment dans la lutte contre la vente de produits dangereux ou illicites, proposant des jouets pour bébés non adaptés ou des cosmétiques sans la liste des ingrédients, ce qui est interdit en Europe.
Bruxelles a également pointé du doigt les méthodes de vente de Temu, jugées addictives, et sur les “dark patterns” qui poussent le potentiel acheteur à passer à l’action plus vite. “Ce sont ces interfaces trompeuses où on vous affiche, “ce produit ne sera plus disponible dans 14 heures et 26 minutes”. Ces interfaces sont utilisées pour amener le consommateur à acheter bien plus vite que si elles n’avaient pas été mises en place.” explique Marie-Amandine Stevenin présidente de l’association de consommateurs UFC Que Choisir, au micro de RFI le 4 novembre dernier. Sommé de fournir des explications au DSA (Digital Services Act), Temu s’expose à une amende. Coût total ? L’équivalent de 6 % de son chiffre d’affaires mondial.
8 novembre 2024