Rescha Paris, la marque franco-indienne à connaitre

Sa créatrice mélange esprit Bollywood et raffinement de la maille.

Crédit photo : Charlotte Robin

Charlotte Chowdhury, créatrice de RESCHA, marque franco-indienne utilise le vêtements pour sublimer la mixité et son métissage. À travers des pièces colorées reprenant les savoirs-faire indiens et français elle recrée ce qu’elle appelle son “monde imaginaire”, univers où ses deux pays s’unissent pour faire naitre des créations empreintes de poésie et de délicatesse. Le tout grâce au resha, le fil en hindi. Rencontre.

ANCRÉ : Comment est né RESCHA ?

Charlotte Chowdhury, créatrice de RESCHA : Rescha est né de mon besoin d’exprimer mon héritage franco-indien, de l’envie de raconter ce monde imaginaire dans lequel deux pays ne font qu’un. La question de l’identité a toujours été au centre de mon travail et de mes recherches. Au fil du temps, il est devenu essentiel pour moi d’être reconnue pour ma mixité. Je cherchais donc à incarner ce positionnement dans mes tenues : le choix des couleurs, des textures, des tissus. Créer des vêtements qui permettent de percevoir cette double identité est alors devenu une évidence. 

Votre mère est originaire de France, et votre père d’Inde. Comment ce métissage se retranscrit-il à travers vos créations ?

Ce métissage influence mon sens des formes, des couleurs, des textures, des équilibres. Ces éléments se retranscrivent à travers des collections hybrides mixant des références issus de ces deux cultures. De mes origines indiennes, j’ai hérité un amour des couleurs pop et de la brillance. Mes origines françaises font ressortir mon goût pour les coupes structurées. Grandir entre deux cultures a beaucoup inspiré mon goût pour les mélanges. Cela a été primordial pour la construction de mon esthétique. Étudier dans l’environnement éclectique de la Central Saint Martins à Londres a été précieux – on y croise des personnes de tout horizon qui cherchent à partager ce qu’ils sont, cela m’a aidé à affirmer ce que j’étais. Dans mes créations, l’intervention des savoirs-faire français et indiens dans les pièces est ce qui me permet d’inscrire Rescha dans cette temporalité d’entre deux. Les utiliser ensemble permet d’apporter un nouveau regard sur ces techniques et sur ceux qui les portent.

Crédit photo : Fabrice Bourgelle

Quels vêtements traditionnels ou culturels avez vous repris ?

Les vêtements traditionnels et culturels m’inspirent particulièrement de part leurs usages, leurs formes et leurs tissus. En Inde, le sari et le dhoti me fascinent – cet art du drapé sans couture qui persiste à travers le temps a une force qui dépasse la  notion de mode. En France, l’esthétique très épurée des tailleurs m’a toujours beaucoup plu, j’aime le fait qu’ils soient androgyne. Les premières pièces Rescha sont issues de formes diverses qui reprennent des couleurs et des motifs inspirés des mélanges effervescents que l’on retrouve dans les rues en Inde. J’aimais l’idée de déconstruire les codes – qu’une robe puisse être porter avec un pantalon, qu’un mini bra soit superposé au dessus d’un tee-shirt. 

Crédit photo : Charlotte Robin

Parlez-nous de vos dernières créations.

Pour la nouvelle collection, j’ai repris les formes de pièces vintage qui appartenaient à ma mère auxquelles j’ai associé des textiles traditionnels indiens tels que de la soie sauvage, des impressions dégradés, des broderies scintillantes… J’ai beaucoup rêvé en observant les tenues des actrices Bollywood. L’idée dans cette nouvelle collection est de pouvoir porter ces textiles brillants tout en étant capable d’aller boire un café.  

Crédit photo : Charlotte Robin

Il y a peu de marques en France qui reflètent l’univers indien/pakistanais… pourtant ils figurent parmi les plus grands pays du textile. Comment expliquez-vous cela?

C’est justement de cette idée qu’est partie la création de cette marque. Je pense que nous sommes une des premières générations à avoir la possibilité d’explorer d’autres horizons. Lorsque nos parents sont arrivés en France, se faire le plus discret possible et s’intégrer était le but ultime. Pour mon père, il ne fallait pas revendiquer sa différence mais se fondre dans la masse. Il était important pour moi de partager son vécu et de valoriser ces altérités que je vois comme une richesse, une manière de faire évoluer la société. J’ai également observé ce décalage lors de mon expérience dans la mode à Paris, où la culture indienne est non représentée dans les collections, alors que les maisons de mode françaises utilisent beaucoup les savoir-faire d’artisans indiens. Ces réflexions m’ont donné envie de créer un lien cohérent entre ces deux cultures. 

Dans vos créations il y a un gros travail autour de la maille. Pourquoi cette obsession ?

La maille est une passion qui m’est venue de mon arrière grand mère qui passait ses journées à tricoter. Lors de mes études de design textile, j’ai étudié les techniques de tissage, d’impression et de maille. La maille était une évidence car je la trouvais moins explorée que les autres. Il y a une multitude de possibilité, c’est une technique qui tend vers le futur du textile car elle permet de créer des formes directement en sortant d’une machine. La maille est une industrie peu présente en Inde c’est la raison pour laquelle je trouvais cela intéressant que les premières pièces soient créés à partir de cette technique. 

Vous pouvez découvrir l’univers de Resha ici.

8 février 2023

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