La marque préférée des ados des années 2000 a récemment annoncé un partenariat avec SHEIN d’ici la fin 2025. Problème ? La famille Mulliez, qui avait cédé sa marque en 2023 estime que cette association va à l’encontre des accords de vente et saisit la justice. On vous résume tout ça.
En deux jours, Pimkie a fait plus de bruit qu’en une décennie. L’enseigne fondée dans les années 1970 par l’Association Familiale Mulliez (AFM), très populaire au début du millénaire, avait frôlé la faillite ses dernières années avant d’être sauvée in extremis en 2022. Vendue par AFM à Pimkinvest, un consortium composé de trois investisseurs (Lee Cooper, Salih Halassi et Ibisler Tekstil), elle a d’abord subi deux plans sociaux, l’un en mars 2023 et l’autre en janvier 2024) avant d’être placé en procédure de sauvegarde en mai 2024. Heureusement pour la marque, un plan de continuation de deux ans a été mis en place par le tribunal de Lille, faisant de Salih Halassi l’unique actionnaire de Pimkie.
Une collaboration inattendue avec SHEIN
Repreneur de la marque de chaussettes Kindy, l’homme d’affaires avait de grands projets pour son nouveau bébé, qui a d’abord signé un retour en demie teinte, impacté par l’essor de la fast-fashion, à l’image de nombreuses marques emblématiques du début du siècle. Dès lors, les nouveaux gérants de Pimkie ont eu une idée : s’associer au géant de l’ultra fast fashion SHEIN pour se développer, notamment à l’international. Intégrés à un programme nommé « SHEIN Xcelerator », les vêtements de la marque seront vendus sur la plateforme et donc accessibles dans 160 pays. De plus, Pimkie bénéficiera d’un appui logistique de la part de l’entreprise chinoise (production à la demande et de traitement des commandes en ligne, notamment). Un partenariat annoncé ce mercredi 16 septembre qui, pour Salih Halassi, « va [leur] permettre de solidifier leur chiffre d’affaires en digital assez rapidement, grâce à une technologie incroyable et numéro un dans le monde. »
Si cette association stratégique, certes, elle est loin de ravir tout le monde. Dénoncé par la fédération française du prêt-à-porter féminin, cet accord a été qualifié de « destructeur », « d’erreur tragique » ou encore de « naufrage éthique ». La FFPAPF, qui souligne que cette opération trahit l’ADN historique français de Pimkie, a ainsi sommé Salih Halassi de ne pas « sacrifier Pimkie sur l’autel d’un profit à court terme », dans un communiqué soulignant l’inquiétude du secteur, mais aussi des employés de la marque et des consommateurs, choqués d’un tel virage.
La famille Mulliez contre-attaque
Si l’AFM a cédé Pimkie, elle a soutenu financièrement les repreneurs à hauteur de 140 millions d’euros via une fiducie gestion, prévue pour « préserver l’activité et l’emploi d’une enseigne autonomisée et responsabilisée ». Seulement, pour les gérants historiques, ce partenariat résulte « d’une application particulièrement déloyale des accords conclus lors de la cession de Pimkie à ses repreneurs, » comme ils le précisent dans un communiqué annonçant également leur souhait de poursuivre l’affaire devant les tribunaux.
Pas de quoi inquiéter Salih Halassi qui, a déclaré à l”AFP que « la famille Mulliez ne dispose d’aucun fondement juridique lui permettant d’engager une action contre Pimkie au titre du contrat de cession [qu’ils ont] conclu. Ce nouveau partenariat ne remet aucunement en cause la sauvegarde de l’emploi de la marque. Il permettra même la création de nouveaux emplois » Optimiste, le nouveau patron mise sur un retour aux bénéfices dès cette année, soit 1 an avant les prévisions. Sauf si la justice s’en mêle ?
19 septembre 2025