Si le thème “Tailored for you” (comprendre, “taillé pour vous”) du dernier Met Gala renvoyait surtout à l’exposition sur le dandysme noir présentée simultanément au musée new-yorkais, les invités et designers venus d’Asie du Sud ont prouvé que le sur-mesure, c’était aussi leur truc.
En plein mandat de Trump, c’est la bien la diversité qui a marqué la dernière édition du Met Gala. N’en déplaise au président actuel des États-Unis (qui, contrairement à son adversaire Kamala Harris, n’était pas invité). Si la “black culture” était la star de la soirée, les “brown people” ont également été mis sous le feu des projecteurs, faisant conjuguer l’histoire du dandysme noir avec leur amour de la sape. Et surtout, du sur-mesure.
Brown excellence
Pour la troisième année consécutive, les plus grandes stars de la planète se sont rendues à la grand-messe de la mode pour fouler un tapis made in India, réalisé par Extraweave, dont la manufacture se trouve à Alleppey, dans l’État de Kerala. Un tapis peint à la main et réalisé par 480 artisans dont les détails rappellent une chose : du côté de l’Asie du Sud, le savoir-faire artisanal n’est pas quelque chose que l’on prend à la légère. Et ça, c’est quelque chose que l’on a également vu sur les tenues qui ont illuminé le fameux tapis bleu toute la soirée du 5 mai dernier.
Ambassadeur de cette excellence, Manish Malhotra participait pour la première fois à l’évènement et a habillé la star montante du rnb, l’Américaine Coco Jones, elle aussi convié pour la première fois au Met. “Je voulais quelque chose qui représente la “black excellence”, a expliqué l’interprète de Taste aux journalistes de Entertainment Tonight, Et j’ai la sensation que moi et Manish Malhotra, qui a créé cette tenue, on a fait un travail incroyable.” Génie de la broderie, le créateur a également habillé la femme d’affaire Natasha Poonawalla, dont la tenue était le lien parfait entre dandysme et traditions indiennes.
Un sens de la tradition qui s’est également matérialisée sur les célébrités sud-asiatiques présentes à l’événement. Si Rihanna a profité de la soirée pour annoncer sa troisième grossesse, la star de Bollywood Kiara Advani a également affiché son ventre rond dans une robe plastron signée Gaurav Gupta, dont la longue traîne était un hommage à André Leon Talley. Habituée de l’événement, la femme d’affaire Isha Ambani a choisi la créatrice indienne Anamika Khanna qui lui a réalisé une tenue sur-mesure ayant nécessité plus de deux ans de travail. “Nous avons utilisé un peu de pierres semi-précieuses, des perles traditionnelles et nous nous sommes inspirés du style dandy noir – les petits éléments qu’ils ont incorporés, les raisons derrière leurs choix,” a expliqué la designer.
Un manque de reconnaissance ?
De son côté, l’actrice d’origine indienne Mindy Kaling avait misé sur un tailleur sur mesure du studio américain Harbison quand la star Priyanka Chopra Jonas était vêtue d’un ensemble Balmain sublimé par des bijoux Bulgari. Du Thom Browne (star de ce Met Gala, qu’on se le dise) pour la femme d’affaire Mona Patel et du BLONI pour la pro de la mode Diya Mehta Jatia : les stars venues d’Asie du Sud s’imposent également en égéries internationales.
Malgré cela, du côté des téléspectateurs, beaucoup déplorent le manque de couverture des personnalités venues d’Asie du Sud lors de l’évènement. En effet, Shah Rukh Khan, star de Bollywood surnommée King Khan, et Diljit Dosanjh, chanteur et acteur indien populaire, faisaient tous les deux leurs premiers pas au Met Gala. Un début très attendu des fans des deux célébrités. Pourtant les animatrices du live Vogue Teyana Taylor et Ego Nwodim ne semblaient pas savoir qui était Shah Rukh Khan, le prenant pour le créateur de sa propre tenue, réalisée par Sabyasachi Mukherjee, qui s’est senti obligé d’informer les deux présentatrices qu’il s’agissait “probablement de l’un des hommes les plus célèbres au monde”.
En effet, acteur depuis plus de 30 ans dans l’une des industries les plus lucratives de la planète, Shah Rukh Khan a été cité par le Times comme l’une des personnalités les plus influentes en 2023 quand, en 2015 déjà, Forbes estimait que ses revenus faisaient probablement de lui la plus grande star de cinéma du monde. “Pas à une icône mondiale qui a porté toute une industrie sur ses épaules pendant plus de trois décennies,” a rappelé Sabyasachi Mukherjee.
It’s ironic how this year’s MET Gala theme centered around color and culture, yet Cartier denied Diljit Dosanjh the chance to wear a necklace rooted in India and his own heritage, the same necklace Emma Chamberlain wore without issue!
— Sn13 (@Trimaxgold) May 6, 2025
Habillé par Prabal Gurung pour rendre hommage à Sir Bhupinder Singh – célèbre dandy du Pendjab du début du XXème siècle -, Diljit Dosanjh – qui a fait salle comble dans toute l’Amérique du Nord lors de sa tournée -, n’a pas eu droit à son moment d’interview. En effet, alors que sa tenue était montrée lors du live, ce dernier a coupé quelques secondes après son apparition. “Personne n’a posé de questions sur le symbolisme, l’histoire, l’héritage cousu dans tous les détails,” s’offusque le compte Instagram Brown History.
Le collier que Cartier n’a pas voulu prêter
Un deuxième coup dur pour celui à qui Cartier à refusé de lui prêter le célèbre collier du Maharaja de Patiala – un collier de diamants de 1 000 carats. Alors que ce dernier avait été prêté à la YouTubeuse blanche Emma Chamberlain lors du Met Gala 2022. De quoi indigner les internautes. “C’est ironique de voir comment le thème du Met Gala de cette année était centré sur la couleur et la culture, et pourtant Cartier a refusé à Diljit Dosanjh la chance de porter un collier enraciné en Inde et dans son propre héritage, le même collier qu’Emma Chamberlain portait sans problème !,” rappelle une utilisatrice de Twitter. À quand une édition qui célèbrera enfin les communautés indiennes dans toute leur splendeur ?
9 mai 2025