Malbouffe et rap : mariage heureux et big dollars aux States

Alors que l’obésité est toujours en forte hausse aux États-Unis, les célébrités multiplient les partenariats avec les chaines de fast-food.

La rappeuse Saweetie pour son menu McDonald’s
Crédit photo : McDonald’s

En France les sites de paris sportifs étaient pointés du doigt pour leur marketing dirigé vers les communautés et classes sociales défavorisées. Une campagne de Winamax faisait d’ailleurs polémique en juin dernier, en plein Euro de foot, pour avoir targeté les “gens de banlieue” avec une campagne intitulée “Tout pour la daronne”. Il était reproché au site de paris en ligne, d’utiliser les codes des jeunes des quartiers populaires, une population plus enclin à developper une addiction aux paris sportifs. “La culture urbaine mise en avant dans les pubs dépasse largement le cadre des banlieues (…) Les joueurs vulnérables se retrouvent particulièrement dans les catégories socioprofessionnelles et de niveaux de revenus les plus défavorisés”, précisait cependant Isabelle Falque-Pierrotin, la présidente de l’Autorité nationale des jeux (ANJ).

Aux États-Unis, ce sont les chaînes de fast-food qui ont le vent en poupe. Ces dernières multiplient les partenariats avec des célébrités tirées notamment du monde du hip-hop. S’assurant les faveurs d’un public très jeune et issu également des quartiers populaires.

Le rappeur Travis Scott devant un McDonald’s pour célébrer la sortie de son menu collab
Crédit photo : McDonald’s

À travers de nombreux partenariats avec des célébrités tirés du monde du rap et du hip-hop, McDonalds, Taco Bell ou encore la chaîne de restauration rapide Popeyes, tentent d’injecter une bonne dose de “hype” à leurs menus mal bouffe. En septembre 2020, c’est le rappeur Travis Scott qui était choisi par le célèbre M jaune pour imaginer un menu à durée limitée. Un partenariat qui n’était que le deuxième de la marque après le lancement d’un McJordan par Michael Jordan, au début des années 1990. Trente ans plus tard, Travis Scott fraîchement sorti de sa Ferrari, s’affiche devant une boutique McDonald’s. Et il peut, puisque le rappeur aurait gagné environ 5 millions de dollars (4,1 millions d’euros) grâce à son contrat selon le magazine Forbes. Une enveloppe colossale à laquelle s’ajoute 15 millions de dollars (12,4 millions d’euros) supplémentaires issus du merchandising McDonald’s qu’il a développé pour sa marque Cactus Jack.

Autre personnalité du rap à prêter son visage et à jouer les cheffes pour McDonald’s, la rappeuse Saweetie. Misant sur des photos alliant strass et longs ongles manucurés, la jeune femme pose langoureusement, Big Mac à la main accompagné d’une sauce renommée à son nom, la “Saweetie’ N Sour”. Un mois plus tard, en août 2021, c’est le rappeur Lil Nas X qui joue les vendeurs pour Taco Bell, une chaîne de restauration rapide proposant une alimentation d’inspiration mexicaine. À l’approche de la sortie de son album “Montero”, le rappeur avait remis un tablier porté quelques années plus tôt lorsqu’il était encore inconnu et officiait comme vendeur chez Taco Bell. “Lil Nas X connaît le travail, l’expérience et la culture que Taco Bell crée pour ses fans, y compris ses employés”, se félicitait Mark King, PDG de l’enseigne, l’été dernier.

À gauche le rappeur Lil Nas X pour Taco Bell – À droite, la rappeuse Saweetie pour Mc Donald’s

Si d’autres célébrités comme le groupe de K-Pop, BTS, le chanteur de reggaeton colombien J Balvin, ont aussi été plébiscités par Mc Donald’s, c’est dans le rap US que Popeyes, une chaîne de fast food dédiée au poulet frit, est allé piocher sa nouvelle égérie. Et pour Megan Thee Stallion, entre entretenir son corps en jouant les nouvelles coach de Nike, et avaler un Bucket de chicken, il n’y a qu’un pas (et sûrement quelques exercices en extra). La jeune femme récemment enrôlée par le swoosh pour assurer des cours de fitness, s’offre une campagne avec Popeyes pour le lancement de sa propre “Hot sauce”. Son état de naissance (le Texas) qui vient tout juste de faire son entrée dans les états connaissant le plus fort taux d’obésité aux États-Unis, n’a pas empêché la fille du South de tremper ses wings dans une sauce que Popeye n’avait pas changé depuis près de 45 ans.

L’obésité toujours en hausse

Selon une récente étude relayée par Le Point et l’AFP, l’obésité est en forte hausse aux États-Unis. Dans 16 états américains, au moins 35 % des habitants sont obèses. De nouvelles données publiées par les autorités sanitaires, et qui notent que sept états ont vu une forte prévalence de l’obésité chez les personnes blanches, 22% chez les citoyens d’origine hispanique et 35% chez les habitants noirs. Les résultats démontrent également une corrélation entre le niveau d’étude et les habitants touchés . “Les adultes n’ayant pas de diplôme de l’enseignement secondaire ou équivalent ont le plus fort taux d’obésité (38,8 %) tandis que les diplômés de l’enseignement supérieur ont le plus faible (25 %)“.

Si quelques voix ont tenté de se faire entendre quant à la dangerosité de ces partenariats épicuriens, Megan Thee Stallion a elle félicité Popeyes d’avoir donné de la voix à une femme noire. Pas de doute que les États-Unis devront pendant quelques années encore trouver le juste équilibre entre opportunité et menace au sein de ses communautés.

18 octobre 2021

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