Comment une influenceuse ukrainienne est devenue le symbole de la guerre

Cette femme enceinte photographiée après les bombardements de la maternité de Marioupol est une influenceuse ukrainienne.

À gauche l’influenceuse avant les bombardements de la maternité de Marioupol
À droite la même jeune femme après les attaques russes – Crédit photo : Evgeniy Maloletka pour SIPA/AP

Le 9 mars dernier le monde découvrait avec effroi les images des bombardements russes sur la maternité de Marioupol, dernière grande ville bordant la mer d’Azov, sur la côte sud-est de l’Ukraine. Sur les clichés pris par la photographe Evgeniy Maloletka pour les agences de presse AP et SIPA, une jeune femme descend les escaliers de la maternité dans un pyjama jaune à pois noirs. Sac à la main et couverture sur le dos, elle tente de sortir du bâtiment arraché par les missiles. Un large nounours trône sur sa poitrine, son visage lui est en sang. Un décalage qui met alors la planète en émoi. Cette jeune femme c’est Marianna Podgurskaya. Le monde ne sait pas encore mais c’est une influenceuse beauté en Ukraine qui partage ses tips sur les soins de la peau, le maquillage et les cosmétiques. Sur Instagram sous le pseudonyme @gixie_beauty, on la voit poser, pyjama pour enfant à la main devant son ventre arrondi. Elle demande à ses abonnés de devinez le sexe du futur nouveau né. Sa géolocalisation indique la ville de Marioupol. Nous sommes alors le 28 février.

L’horreur à Marioupol

Quelques semaines plus tôt, visage angélique et dans des clichés à la mise en scène d’un blanc immaculé, la jeune femme est impatiente. “Je ne crois pas aux superstitions et au mauvais œil, mais au pouvoir des émotions positives authentiques et de la bonté, qui sont bien plus puissantes que toute énergie négative !” écrit-elle en légende d’un post dont la géolocalisation indique la maternité de Marioupol. La même qui, quelques jours plus tard, sera en partie détruite. Le 9 mars, jour du bombardement, le bilan est de trois morts, dont une fillette. Il vient de s’alourdir avec le décès d’une autre femme enceinte et de son enfant. Sa photo avait également fait le tour du monde. Allongée dans une civière, le visage en état de choc, elle portait son ventre au milieu des décombres avec des taches de sang sur le pantalon.

Accusée par la Russie d’être une actrice

Dès la publication de ces clichés la Russie affirme que les photos de Marianna Podgurskaya, tantôt photographiée à l’intérieur puis à l’extérieur de la maternité, sont une mise en scène orchestrée par les autorités ukrainiennes. Selon Moscou, la jeune femme serait bien Marianna Podgurskaya, mais pour eux c’est une “mannequin jouant une femme enceinte blessée”. Ses blessures ? “Un maquillage très réaliste.”, comme le tweete l’ambassade de Russie en Angleterre dans message depuis supprimé par Twitter. Selon l’institution, la photo aurait été prise par Evgeny Maloletka, “un photographe qui coopèrerait avec la propagande ukrainienne”. Même son de cloche de la part de l’Ambassade de Russie en France pour qui “les ‘photos des victimes’ sont fake”.

Sous la dernière publication de Marianna Podgurskaya de nombreux commentaires en russe l’accusent d’avoir mis en scène sa présence dans l’hôpital pédiatrique de Marioupol.“Combien facturez-vous pour une séance photo sur les ruines d’une maternité ?”, “Pensez-vous qu’après toute la merde dans laquelle vous êtes impliquée, votre vie ira bien? Pensez-vous à l’enfant, combien de pensées négatives vous sont adressées maintenant, aucun argent ne vous aidera à l’avenir face à ce qui vous arrivera”, “Combien avez-vous été payée pour le magnifique tournage à la maternité ?”, peut-on notamment lire comme le relève Paris Match.

Elle a accouché depuis

Le 11 mars d’autres clichés de Mariana Vishegirskaya sont publiés par AP news. On la voit dans le même pyjama à pois qu’elle portait lors des bombardements mais cette fois, une petite fille se tient à côté d’elle. “Le nouveau-né Veronika s’est blotti contre sa mère vendredi, comme pour se cacher de l’horreur qui les entoure – la guerre qui a déchiré la maternité de Mariupol où elle était censée accueillir le monde”, écrit AP news qui a suivi la jeune femme. Le nom de la petite fille n’a peut-être pas été donné au hasard. Veronika est la forme ukrainienne du prénom Veronica, qui signifie “apporter la victoire”.

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