Comment avoir l’élégance de Paris avec l’avance de Kinshasa ?

Réponse avec la designeuse Mariana Benenge.

Crédit photo : Pete Casta

Quand Mariana vous laisse une note vocale sur WhatsApp vous savez pertinemment que ça va commencer par un “ma chérie”. Et c’est ainsi qu’elle nous accueille au Marché Saint-Pierre à Paris, lieu où elle nous a donné rendez-vous pour nous montrer son magasin de tissus favori. Une petit boutique en contrebas de ce quartier préféré des couturières, à la façade affichant en lettres majuscules roses “Tissus Lionel”. “Ici tout le monde est Lionel”, nous glisse le gérant qui, mètre à la main, range ses rouleaux. Mariana vient ici “parce que c’est moins cher et surtout il a plein de matières que j’utilise pour mes collections”. Sous le nom “Tantine de Paris” la designeuse fait danser le vinyle avec des fausses fourrures généreuses. Les coupes sont amples et longues, la tantine est gracieuse et électrisante de couleurs. Ce goût de l’exubérance élégante lui vient de Kinshasa, pays qu’elle a quitté à ses douze ans pour rejoindre Paris. “Tu sais je fais tout ça ici pour ensuite rendre à mon pays. Je veux faire rayonner Kinshasa”. En ce jour de pluie à Paris, Kin est déjà notre rayon de soleil. Rencontre.

Crédit photo : advenaemarla 

ANCRÉ : Pourquoi avoir choisi le Marché Saint-Pierre comme ton terrain de jeu, qu’est-ce que représente cet endroit pour toi et pour ton travail ? 

Mariana Benenge : Cet endroit représente le pont entre mes dessins et la confection de mes vêtements. Quand j’arrive dans cette boutique, ces tissus, ces couleurs… les toucher me procure une joie immense. C’est l’endroit où les idées fusent et de nouveaux designs apparaissent dans ma tête. Dans mon processus de création soit je pars du dessin pour aller vers le tissu ou à l’inverse, je m’inspire du tissu pour ensuite dessiner des silhouettes. Et ici c’est l’endroit idéal car j’y ai du choix.

Quand as-tu découvert pour la première fois cet endroit et quand as-tu commencé à t’en servir comme inspiration ? 

Auparavant j’achetai mes tissus au marché de Sarcelle mais je n’avais pas beaucoup de choix et de revenus financiers. C’était frustrant de ne pas pouvoir concrétiser mes idées à 80% au moins de ce que j’avais en tête. J’ai travaillé dur j’ai mis de côté de l’argent pour pouvoir permettre à mes idées d’exister. C’est à ce moment que je suis allée au marché Saint Pierre. À l’angle d’une ruelle j’ai découvert cette boutique cachée, un endroit rempli de tissus plus loufoques les uns que les autres. Ça a été le coup de coeur.

Mariana porte la dernière collection FILA My Homecourt

Qu’est ce que tu ressens quand tu pratiques ton art ? 

Je suis danseuse, designer, styliste et pleins d’autres choses. Et dans chacun de ces arts une partie de moi s’exprime. Je suis tout simplement heureuse de pouvoir le voir et d’avoir choisi d’utiliser ces moyens d’expression. Donc ce que je ressens : de la joie.

Est-ce que ta créativité a été affectée par la pandémie ? 

Au début non j’étais en sur-créativité mais ensuite le fait de ne plus sortir, aller à des événements (danse, soirée, cinéma, théâtre) m’a affecté. Pas dans la créativité mais plutôt dans l’envie, j’avais un peu perdu cette flamme qui m’a toujours animé parce que je ne savais pas de quoi allait être fait demain. Qu’est-ce qui allait encore être annulé ? Cette phase a duré une fraction de temps je suis vite revenue à mes esprits et j’ai fait ce pourquoi je suis faite : CRÉER.

Quel est le message que tu veux véhiculer avec ton art ? Qu’est ce que tu veux que ton audience se rappelle pour qu’ils avancent eux aussi dans leur vie ?

À travers mon art j’espère pouvoir pousser les gens à oser plus. À être eux même et à s’aimer. J’aimerais aussi plus de couleurs dans ce monde. Avec ma marque Tantine de Paris, je souhaite que les gens se sentent unique, que le temps d’une journée tu sois sur le trône de fer, le catwalk du Met Gala parce qu’à Kinshasa à chaque fois que tu sors de chez toi, tu dois te sentir comme ça. Peu importe qui tu es, ton statut social, ton travail : YOU ARE À STAR. Je veux que mon audience se rappelle qu’il faut être soi-même, être persévérant, et altruiste. Sans oublier la détermination et rien ne pourra vous arrêter à accomplir vos rêves.

Comment on fait pour avoir l’élégance de Paris et l’avance de Kinshasa comme tu l’écris dans la description de “Tantine de Paris” ?

On porte du Tantine de Paris ! (Rires). À Kinshasa on a toujours influencé la mode bien avant qu’elle soit à la mode. Je pense par exemple aux garçons qui portent des jupes, on l’a beaucoup vu ça chez nous. Les gens se sont d’abord moqués puis c’est finalement devenu une tendance. On est les avant-gardistes de certaines modes.

Retrouvez les aventures de Mariana Benenge sur son compte Instagram et sur les réseaux de Tantine de Paris. Et pour shopper la collection My Homecourt de FILA rendez-vous ici.

Mariana porte la dernière collection FILA My Homecourt
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