Retrouver des lèvres normales quand on a abusé du Botox, un chemin de croix

La YouTubeuse Océane, nous raconte les dangers d’une surutilisation de la toxine botulique.

Crédit photo : karenzeeyenga

Océane est YouTubeuse et a opté depuis plusieurs l’année pour l’augmentation de ses lèvres. La jeune femme a toujours nourri un complexe autour de sa bouche trop fine, la poussant à essayer le Botox il y a maintenant six ans. Si elle a longtemps été contente du résultat, Océane met désormais en garde contre une utilisation qui, si elle est abusive, peut provoquer des changements sur votre visage, notamment une migration de l’acide entre la lèvre et le nez. Jusqu’à une transformation de votre faciès. C’est ce qui est arrivée à la YouTubeuse qui met en garde désormais contre un trop plein d’acide hyaluronique. « Mon visage avait un aspect drôle et difforme plutôt qu’élégant et naturel », nous confie la jeune femme. Témoignage.

ANCRÉ : Qu’est ce qui t’as décidé à augmenter le volume de tes lèvres la toute première fois ? Parce que ça c’est beaucoup démocratisé et que de nombreuses célébrités s’y sont mises participant à la normalisation des grosses lèvres où s’agissait-il d’un complexe qui date d’avant cela ?

J’ai toujours trouvé mes lèvres trop fines en proportion au reste de mon visage. Je les overlinait alors que ce n’était même pas une tendance. Mais j’avais un réel complexe et c’est pour ça que j’ai décidé de faire mes premières injections. 

Quand as-tu décidé pour la première fois d’augmenter la taille de tes lèvres ? Et à raison de combien d’injections par mois/an ? 

La première fois c’était il y a 6 ans a raison d’une fois par ans.

À forte dose l’acide hyaluronique peut être dangereux, ça a été le cas pour toi. Peux-tu nous détailler les effets secondaires sur tes lèvres mais aussi sur ton visage.

À forte dose l’acide hyaluronique n’est pas dangereux dans la mesure où il n’est pas douloureux pour le corps mais en revanche, injecter la dose recommandée par les médecins qui est de 1 ml en une fois et généralement à l’aiguille, peut causer des migrations de l’acide entre la lèvre et le nez, c’est ce qui créer l’effet duck lips. Le meilleur moyen d’éviter ça est d’injecter en plus faible quantité à chaque fois. Mais le problème c’est que les filles voient la taille de la partie rouge de leurs lèvres rapetisser donc elles réinjectent mais elle ne réalisent pas que le produit s’accumule autour de la bouche. C’est un cercle vicieux et je l’ai totalement vécu ! 

Tu parles de plusieurs techniques qui existent et surtout tu mets en garde. Notamment sur le hyaluron pen. Peux-tu nous en dire plus sur cette technique et pourquoi tu as décidé de la bannir. 

C’est totalement déconseillé et à bannir. C’est extrêmement dangereux. La plupart des produits dans le hyaluropen sont achetés en kit sur Ali express et j’en passe. Il ne s’agit pas là de laboratoires connus et en plus de ça, la technique en elle même est douteuse et imprécise. Ce qui donne évidemment des résultats peu esthétiques. En plus de ça c’est douloureux et les « esthéticiennes » qui le pratiquent n’ont aucune idée de ce qu’elles font. 

Tu as depuis choisi de faire le chemin inverse et de retrouver un volume de lèvres proche de ton volume naturel. Quel a été le déclic ? 

Mes proches. Ils étaient triste et je ne comprenais pas pourquoi, jusqu’à ce que je réalise que mon visage commençait à se transformer et à avoir un aspect drôle et difforme plutôt qu’élégant et naturel. Je suis également partie voir une praticienne pour me renseigner sur le hyaluronidase qui permet de dissoudre l’acide. Elle m’a parlé avec bienveillance et sagesse en m’expliquant que mes lèvres étaient vraiment trop mal injectées et que ça gâchait mon visage. Ça m’a secoué que pour une fois on n’en veuille pas à mon argent mais qu’on me sensibilise sur les excès. Ma bouche était au delà de disproportionnellement grande, elle était fake et ça se voyait. C’était vraiment moche. 

Ça fait un an que tu as arrêté de faire des injections et pourtant à l’image on voit que tes lèvres sont toujours gonflées. Pourquoi cela met-il autant de temps à disparaître ?

La vidéo que j’ai enregistré pour en parler était juste après la séance, on venait juste de m’injecter donc j’étais encore gonflée et je l’ai précisé. Le résultat met moins de 24h. Aujourd’hui je vois un avant après important  mais il reste encore un peu de produit au dessus de la lèvre, j’ai donc rdv pour une troisième séance. Et ça s’explique par le fait que la quasi totalité de l’acide hyaluronique injecté sur plusieurs années avait migré au dessus de ma lèvre. Il faut donc réinjecter jusqu’à ce que le produit parte totalement. 

Il ne suffit pas d’arrêter de faire des injections, il faut en faire avec une enzyme qui aura l’effet inverse c’est bien ça ?

Le produit est éliminé naturellement par le corps mais injecté en grande quantité, il peut mettre plus de temps à partir. Et puisque j’en avais marre d’attendre, j’ai injecté le hyaluronidase qui dissout immédiatement le produit. 

« Le sujet c’est pas la chirurgie esthétique, c’est l’envie d’être belle à tout prix et qui n’est pas victime de ça ». Tu disais ceci dans une vidéo postée sur ta chaine Youtube il y a quelques mois et dans laquelle tu te confiais sur ton utilisation, parfois abusive, de l’acide hyaluronique. D’où te vient cette pression ? Est-ce que tu as réussi à en discerner la source ? 

Des réseaux sociaux. Aujourd’hui tu travailles en tant que vendeuse chez Zara, il y a une chance sur deux pour que tu utilises FaceTune sur tes photos pour lisser tes pores. Je prend Zara en exemple pour illustrer le fait que même si tu ne vis pas grâce à ton image et que tu travailles dans un tout autre domaine, tu ressentiras quand même le besoin de rentrer dans la norme. Quand tu scroll ton feed et que tu vois que des filles avec des grosses bouches et des tout petits nez, tu finis par intégrer cette image artificielle et à considérer ça comme la nouvelle norme. Mais au même titre que dans les années 2000 les gens s’épilaient les sourcils hyper fins parceque c’était la tendance et qu’on regarde ça aujourd’hui avec horreur, c’est la même chose avec les lèvres. C’est une tendance. Par contre soyons clair, je ne suis pas contre la chirurgie, je pense juste qu’il faut systématiquement viser des résultats naturels et des améliorations plutôt que des transformations qui nous font ressembler à des cartoons. C’est même pas beau en plus. 

Tu as aussi ces mots très durs mais très francs : « Je suis superficielle sur tout ce qui touche à l’apparence ». Que mets-tu derrière le mot superficielle ? Et quelle en serait ta définition ?

J’accorde un soin particulier à la beauté extérieure, comme la majorité de la société de laquelle on vit d’ailleurs. Je connais des gens (même et surtout des hommes ) cultivés, diplômés extrêmement superficiels, mais on ne leur colle pas cette étiquette parce qu’ils ne sont pas des femmes. Donc finalement je suis un peu comme tout le monde mais je dis tout fort ce que tout le monde pense tout bas. 

Le physique pour une femme c’est un moyen de gagner en assurance mais c’est aussi une machine à complexe. On voit un gros changement depuis ton adolescence, est-ce que ton physique aujourd’hui t’as fait gagner en assurance ou bien les réflexions que tu peux recevoir sur les réseaux sociaux participent aussi à l’effet inverse et insuffle chez toi un manque de confiance ?

Qui n’a pas changé depuis l’adolescence ? J’ai passé la puberté, j’ai eu des formes que je n’avais pas adolescente, j’ai appris à assumer ma féminité et à vivre avec ces cotés négatifs aussi. La seule chirurgie esthétique à laquelle j’ai eu recours c’est une rhinoplastie et je me sens encore plus belle depuis que je suis décomplexée ! J’ai toujours eu énormément confiance en moi sincèrement. Déjà parce que je me suis toujours trouvée jolie et parce qu’on m’a souvent dit que j’étais jolie. C’est en m’exposant que j’ai fait face à la haine et aux mauvais commentaires, mais avant ça jamais. Je tire ma confiance en moi de bien d’autres choses que mon physique et je pense que ça devrait être le cas de toutes les femmes. 

Quand on est venu te voir pour te proposer une interview sur ce sujet tu as préféré qu’on la fasse par écrit, tu ne voulais pas choisir le format témoignage en story Instagram de peur de devenir le port étendard de la chirurgie esthétique. Est-ce que tu peux nous expliquer cela.

Oui totalement. Je n’ai pas envie d’être la personne qu’on appelle systématiquement pour ce genre de sujet parce que j’ai des choses tellement plus instructives et passionnantes à raconter sur moi même. Mais  j’accepte de le faire exceptionnellement pour sensibiliser à l’acide hyaluronique parce que j’en ai abusé et que je veux que les gens comprennent que ce n’est pas un acte anodin. 

11 mars 2021

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