Connus sous les pseudonymes Habituetoi, Jimseuh et Teddy sur Instagram, le trio est devenu en quelques années une référence sur le réseau social. Rencontre.
« J’aime pas danser moi », nous lance Teddy, 26 ans. Le plus jeune de la bande exécute quelques pas pour faire plaisir à ses acolytes : Jimmy 28 ans et Giovanni 27 ans autrement connus sous les pseudonymes Habituetoi et Jimseuh sur Instagram. Peut-être sont-ils déjà remontés dans votre feed ou dans votre explorer, leurs vidéos de danse surfant sur les tendances de TikTok, comptent plusieurs millions de vues sur le réseau social. Et qu’on se le dise, leur belles gueules ont participé à leur notoriété. Mais pas que. Parce que derrière ces visages d’anges, aux sourires Hollywood fraicheur de vivre, se cache l’envie de rester le plus humble possible. Une politesse accrochée en bandoulière, qui leur colle parfois l’étiquette, des beau-goss sans cervelle. Un cliché qui a pu les toucher à leurs débuts et aussi toujours aujourd’hui. « Maintenant on est un peu plus parés au cyber-harcélement, mais il m’est déjà arrivé de ne pas aller au travail pendant deux jours à mes débuts quand j’étais surveillant dans un lycée. Parce que j’avais été trop éprouvé moralement par certains commentaires« , nous confie Giovanni (Habituetoi) qui s’est investi dans la récente campagne d’Instagram visant à lutter contre les raids numériques. « On est un groupe ça aide aussi à se protéger les uns les autres. On se réconforte mais bien sûr que personnellement ça peut nous blesser », renchérit Teddy.
Giovanni et Jimmy sont amis d’enfance, ils ont grandi ensemble à Ivry-sur-Seine, commune placée au sud de Paris. Teddy lui, a rejoint la bande un peu plus tard, au grès des rencontres. Si en 2021 ils sont assurément le boysband 2.0 le plus en vue d’Instagram, c’est en 2018 qu’a lieu l’explosion médiatique. Ils lancent sans le savoir la tendance du KUPE Challenge, une danse sur le titre du même nom de l’artiste ghanéen Papermakerastar. Ils sont quatre à l’époque à se filmer depuis un téléphone. Gueules d’anges, contours parfaits et sourires en coin, il n’en faut pas plus pour que la vidéo explose. À tel point qu’ils iront faire quelques scènes à l’étranger. La hype autour du « boysband » après ça ne s’éteindra plus. « Oui c’est comme ça qu’on nous définit, le boysband. Ça ne nous dérange pas mais certains pensent qu’on ne sait rien faire. Moi je suis coach sportif, Teddy a fini son master 2 en Ressources Humaines et Jimmy a monté une entreprise dans le coaching , précise Giovanni. Tous ont faim de projets. Tous sont conscients que les vidéos de danse leur permettent d’atteindre une certaine audience, et tous souhaitent transformer cette exposition. « Notre following est assez féminin, moi j’aimerais ouvrir une salle de sport dans laquelle les femmes se sentiront bien », avoue Jimmy. « J’ai beaucoup appris cette dernière année, j’aime accompagner les gens, à termes j’aimerais pouvoir monter une agence d’influence pour faire du vrai conseil, parce qu’on en a besoin. Je me rends compte que ça manque beaucoup dans cette industrie », confie Giovanni.
Et s’ils vivent de leurs partenariats avec les marques, ils semblent sur la même longueur d’ondes quant aux dérives de l’influence. « On a fait un peu de drop-shipping au début mais ce n’est pas nous. On ne veut pas surfer sur notre audience de cette manière« , acquiescent-ils tous à l’unisson. Quant à leur responsabilité sur la promotion des marques de fast-fashion, ils en ont conscience. « Mais ça reste un travail », avoue Teddy qui est à la recherche d’un vrai encadrement pour se développer sur les réseaux sociaux. Et s’ils reprocheraient des choses à l’industrie, c’est ce manque d’accompagnement. La meute qu’ils ont créé pour éviter certains écueils est bienveillante. Dans ce groupe Giovanni apparait comme le chef d’orchestre, Jimmy du haut de ses 2 mètres enfile lui la veste du grand sage qui apaise avec une autorité naturelle, tandis que Teddy sous ses airs de pitre, cache une redoutable soif d’apprendre. Ce serait faire un raccourci trop évident que d’en rester à l’image lisse que les réseaux sociaux pourront laisser de ce joyeux trio, qui cherche encore son parfait tempo. Aucun doute qu’ils trouveront le rythme qu’ils ont déjà dans la peau.
Direction artistique et stylisme : Hanadi Mostefa
Photographe : Pete Casta
Studio : OZE
Remerciements : Daily Paper
24 septembre 2021