Le shop parisien Gaijin met le vintage à l’heure japonaise

Le duo derrière le shop de seconde main met à l’honneur japonisme et avant-garde.

Crédit photo : Eva Wang

De la seconde main mais made in Japan, c’est ce que propose le shop français Gaijin Paris fondé par Chahine et Thomas en 2018, trois ans après un voyage en terre nipponne qui les aura définitivement convaincu à se lancer à deux. Fervent amateur de voyage et de culture japonaise, le duo derrière la boutique vintage souhaite avant tout offrir à la capitale des pièces avant-gardistes et significatives de la mode issue du Japon et de toutes ses sous-cultures. Dans le catalogue de Gaijin, expression japonaise qui désigne des personnes étrangères, les silhouettes modernistes signées Yohji Yamamoto flirtent avec les coupes bouffantes de Rei Kawakubo de COMME des GARÇONS mais aussi avec les reliefs signés Issey Miyake. Rencontre avec Thomas, co-fondateur de Gaijin.

ANCRÉ : Comment vous êtes-vous rencontrés ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de lancer Gaijin ?

Thomas, co-fondateur de Gaijin : Nous nous sommes rencontrés il y a une vingtaine d’années par un ami en commun dans la banlieue parisienne dans laquelle nous vivions. Nous sommes tout de suite devenus inséparables. Notre goût pour le vêtement nous a toujours laissé dans un coin de la tête l’idée de monter un concept ensemble. Après des carrières chacun de notre côté et un voyage au Japon qui nous a laissés bouches bées, nous avons décidé de monter Gaijin Paris. Amoureux de mode japonaise (ainsi que de la culture locale), nous ne trouvions pas ou que très peu de pièces de créateurs de là-bas à Paris. Et surtout, c’était souvent en retail, donc inapprochable pour la plupart des gens. Les concepts vintage et seconde main fleurissaient par ailleurs au Japon. L’idée nous est donc venue tout naturellement.

Crédit photo : Gauche/Audrey Mballa – Droite/Jowkid

En France, on parle beaucoup du vintage et de seconde mais on l’associe rarement à une culture. Comment définiriez-vous le vintage à la japonaise ?

Le vintage à la japonaise il peut être avant-garde ou d’inspirations diverses, il y en a pour presque tous les goûts, mais on sent bien l’influence. Souvent genderfluid, pleines de volumes, les coupes des créations japonaises sont très travaillées. Il y a aussi une qualité et un soucis du détail inimitables chez les nippons. 

Vous vous apparentez à ce que vous appelez le “modernism japanism”. Qu’est-ce que ça veut dire ?

Le japonisme est l’influence de la civilisation et de l’art japonais sur les artistes et écrivains, premièrement français, puis Occidentaux, entre les années 1860 et 1890. Ce regain d’intérêt à l’époque contemporaine pour tout ce qui vient du Japon nous parle. C’est ainsi que nous nous sommes apparentés à une forme de japonisme moderne. 

Crédit photo : Gauche/Audrey Mballa et Plugito – Droite/Jowkid

Le vintage japonais c’est donc de l’ancien ultra-moderne ?

Les japonais ont été parmi les plus influents dans l’avant-garde depuis les années 80, et même des initiateurs. Les pièces de cette époque sont pour les passionnés et les collectionneurs. Plus on en découvre, plus on veut se plonger dedans. À travers notre métier, on a même découvert des créateurs moins connus, qui auraient mérité d’être d’avantage sous les feux de la rampe. Donner une seconde vie aux vêtements est une chose commune depuis longtemps au Japon. Le Boro, technique japonaise de rapiècement du vêtements utilisée similaire au patchwork, en est un parfait exemple. C’est sans doute pour cela que c’est un métier hyper développé sur l’archipel et que le pays est nettement en avance là-dessus par rapport à l’occident. Des concepts précis et pointus germent partout. Nos autres influences sont surtout tournées vers l’avant-garde, les créateurs belges notamment comme Martin Margiela, Dries Van Noten ou encore Anna Demeulemeeste.

Quelle est la pièce la plus significative à vos yeux du vintage japonais ?

Difficile de citer une pièce en particulier. Nous venons par exemple de vendre un manteau digne d’avoir sa place dans un musée, d’Issey Miyake, de 1983. Une pièce incroyable, dans les volumes, les textures et dans le camaïeu de gris qu’il affichait. Une pépite. Mais nous avons aussi plein de pièces de prêt-à-porter beaucoup plus « commerciales ». Les pantalons ballon, jupes culottes ou autres sarouals de chez COMME des GARÇONS, plus récents, sont aussi très représentatifs de la mode japonaise, dans leurs volumes, détails, etc, mais aussi dans le fait qu’il se prêtent parfaitement aux hommes comme aux femmes et à différentes silhouettes à composer.

Manteau Issey Miyake, 1993
Crédit photo : Gaijin Paris

Pour retrouver le vestiaire de Gaijin Paris :
20, rue du Pont-aux-Choux
75003 Paris
Leur site ici
Leur compte Instagram ici

Ailleurs en Asie, découvrez ces cinq créateurs qui ne cessent de monter, mêlant streetwear et patrimoine culturel.

22 juillet 2022

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