Dans le cadre de son programme itinérant « Behind Her Label », qui met la lumière sur les femmes dans les différentes capitales de la mode, l’enseigne américaine fait un stop dans la capitale.
Quand on arrive dans le 3ème arrondissement de Paris, là ou les équipes de Foot Locker et la créatrice Océane Nelien nous ont donné rendez-vous, on comprend vite que la jeune femme y est presque en terrain conquis. Alors qu’un serveur tente de nous trouver une place sur sa petite terrasse, lieu de notre interview, elle s’obstine : « il ne faut rien lâcher dans la vie ». Une devise que la blonde aux sourcils décolorés qui apparait devant nous, ne va cesser de marteler durant cette rencontre. Et pour cause, c’est ce même état d’esprit qui fait qu’elle a été choisie par Foot Locker aujourd’hui pour représenter en France le récent programme de l’enseigne, « Behind Her Label ». Depuis son lancement en 2021 à Londres et après un passage à Milan, cette plateforme visant à mettre en avant les créatrices émergentes, veut réduire l’écart entre les sexes dans la culture streetwear. Une volonté qui fait écho à la nomination en 2021 de la créatrice américaine Melody Eshani, première directrice artistique de Foot Locker. En France, l’opportunité donnée à Océane Nelien qui voit dans le vêtement un médium idéal pour s’affirmer, est une consécration. La fusion entre le label ON créé en 2018 par la designeuse et l’entreprise américaine, s’inscrit alors comme une réelle continuité.
Le streetwear français et féminin à l’honneur
Alors qu’on nous refoule de la première brasserie faute de place, un homme à scooter salue la jeune femme. Un peu plus loin, elle commandera « comme d’habitude » un thé au patron du bar. Pas de doute là où elle évolue, la créatrice laisse des traces. Il faut dire qu’elle papote. Avec une gouaille qu’elle tire de son autre job, celui de coach en développement personnel. Une mission presque, qu’elle s’est donnée pour allier tous les messages qu’elle veut faire passer. Penser à soi c’est aussi enfoncer les portes. Comme lorsqu’elle organisera en 2019 un défilé sauvage au Louvre. Au total c’est avec presque une trentaine de show illégaux à son actif, qu’Océane Nelien s’est faite un nom. Ce qui était apparu pour elle comme un moyen de se jouer des règles strictes des institutions de la mode au départ, est devenu sa marque de fabrique. Une carte en plus à jouer, pour celle qui depuis toujours mise sur l’upcycling pour créer ses pièces uniques. Un technique qui s’est imposée là encore comme une réponse à un problème : comment faire sans gros budget et comment écouler des stocks passés. Rencontre avec la créatrice à quelques heures de la sortie de sa collab.
ANCRÉ : Comment s’est passée la rencontre avec Foot Locker ? Comment une marque naissante arrive à séduire une grande enseigne comme celle-ci ?
Océane Nelien : Le bouche à oreille vraiment. Une amie à moi danseuse, a parlé de moi à Foot Locker. Et comme je suis très inspirée par la femme, ça rentrait en résonance avec leur projet « Behind The Label ». À travers mes collections je veux que la femme s’aime, qu’elle se sente guerrière. On est peu de femmes dans le streetwear de manière générale et en France. On est à la fois trop peu visible, on nous ferme beaucoup de portes, mais c’est aussi devenu ma force. C’est aussi la différence, les obstacles, les blessures qui font qu’on se bat pour faire sa place.
Quels ont été finalement les plus gros challenges de ce partenariat ? Parce que ce sont deux savoir-faire presque opposés qui se rencontrent. Le tien qui repose sur du fait-main, du sur-mesure, et celui de Foot Locker qui est une plus grosse machine et qui doit répondre à un grand public.
Je suis un électron libre. Et quand on m’a parlé de collab au début j’ai eu peur parce que je ne suis pas habituée à devoir me plier à un certain agenda, un certain planning. Il fallait aussi réussir à faire fusionner mon ADN à celui plus streetwear de Foot Locker. Ce qu’on a réussi à faire, la collection nous ressemble. Foot Locker m’a aussi permis de trouver mes limites. J’ai tendance à tout faire, à m’investir dans plein de projets différents. Là il y a avait des deadlines à respecter. Trouver son équilibre mental sans se laisser submerger par un trop plein de travail, c’est aussi important pour réussir à mener à termes ses projets. Cette rencontre m’a appris cela.
C’est aussi hyper enrichissant d’avoir accès à un savoir différent. Que retiendras-tu de cette incursion dans une entreprise à échelle mondiale ?
J’ai jamais délégué et travailler avec Foot Locker ça m’a permis de le faire. De ne plus avoir besoin de tout faire de A à Z. Il faut aussi savoir s’adapter à des horaires bien différents. Quand tu es self-made, tu ne tiens pas vraiment compte d’horaires de bureau, des weekends. Mais ça rejoint ce que je disais plus haut, ça m’a permis de trouver mes limites. De gagner en organisation.
Comment as-tu imaginé cette collection féminine pour Foot Locker ?
Avec tout ce qui se passe j’avais vraiment envie de sortir une collection ultra colorée. La colorimétrie c’est très important pour moi. Il y a une signification derrière chaque couleur et je voulais jouer avec ça. Du côté des pièces on a misé sur des vêtements dans lesquels les femmes pourront se sentir bien et qui pourront aller à toutes les morphologies. On a imaginé cinq tenues différentes. Étonnamment ça a été plus facile pour moi car j’ai l’habitude de créer une vingtaine de looks pour mes propres collections. Mais le process est plus long en revanche. Il a fallu compter environ trois mois pour se mettre d’accord sur le projet, faire le patronage, acheter le tissu, organiser les essayages, finaliser les retouches et lancer la production. Ce qu’on a pu faire aussi, c’est piocher dans mes stocks de denim restant, car c’est un gros enjeu également de cette collection, qu’elle soit respectueuse de l’environnement. Pour les tenues colorées on a utilisé des tissus respectant la norme Oeko-Tex, qui assure que les matières ne renferment aucune substance nocive.
La collection en édition limitée Foot Locker x ON sortira le 5 mars prochain et sera disponible uniquement à la boutique de Foot Locker Les Halles à Paris.
Foot Locker Les Halles
4-6 Rue Pierre Lescot
75001 Paris
3 mars 2022