De l’Ukraine à la République Tchèque, de la Roumanie à la Pologne, cap sur l’Est.
Si quand on parle de mode sur le Vieux Continent, on a tendance à penser à la France, l’Italie ou l’Angleterre, sur la partie orientale du continent, il se passe aussi pas mal de choses. Entre la Fashion Week de Serbie et la création d’un Vogue République Tchèque, plus question d’ignorer les créateurs d’Europe de l’Est, qui n’hésitent pas à revisiter leurs traditions et leur histoire politique à travers le vêtements et les accessoires. Alors pour rattraper le temps perdu, suivez le guide.
Ami Amalia (Roumanie / Norvège)
D’origine Roumaine mais basée à Oslo, Ami Amalia réinvente le tricot traditionnel de son pays. Soigneusement fabriqués à la main en Transylvanie dans une petite usine, ses modèles couleurs pastels rompent avec l’image vampirique de la région, et véhiculent un message d’espoir et d’amour, selon les propres dires de la créatrice.
CHYLAK (Pologne)
Passée par New-York, où elle a travaillé pour des marques comme Proenza Schouler et Nicolas Caito, Zofia Chylak rentre à Varsovie en 2014 avec une idée en tête : lancer une marque de sac branchée made in Poland, ce qui n’existe alors pas encore. Immense succès pour la créatrice qui imagine également des accessoires rendant hommage aux différentes communautés de son pays, comme les Lemko qui lui ont inspiré une gamme de châles ou les habitants de Żywiec dont le costume traditionnel lui a insufflé l’idée d’un noeud pour les cheveux.
Magda Butrym (Pologne)
Il y a déjà maintenant 10 ans que la créatrice Magdalena Butrym a lancé Magda Butrym, son label de prêt à porter féminin « slavic chic ». Mais attention : prêt à porter, certes, mais pas question pour la Polonaise de sacrifier son amour de l’artisanat, des belles matières et du travail à la main réalisés par des artisans locaux. Un travail d’orfèvre qui se décline sur des robes et des accessoires romantiques, inspirés des anciennes légendes slaves et du savoir faire de sa région, incarné par la présence de dentelle, de crochet ou de maille complexe dans ses collections.
MA RA MI (Roumanie)
Fondée par la designer Andra Clițan, MA RA MI fait fusionner artisanat transylvanien et design contemporain. S’appuyant sur le savoir-faire des artisans locaux roumains, la marque s’inscrit aussi bien dans une démarche de préservation du patrimoine que dans une dynamique de transmission, en inscrivant des modèles traditionnels en maille ou des blouses typiques dans un vestiaire contemporain.
KSENIASCHNAIDER (Ukraine)
Fondé par la styliste ukrainienne Ksenia Schnaider et son mari Anton, le label d’upcycling KSENIASCHNAIDER est rapidement devenu une référence en la matière. Et en parlant de matière, celle de prédilection de la marque, c’est le jean, que le couple chine localement et se plaît à découper, rapiécer, associer pour créer des modèles en denim uniques. Rappelant, au passage, que l’Ukraine est le plus grand importateur de vêtements d’occasion d’Europe.
Crina Bulprich (Roumanie)
Si elle est aujourd’hui basée à Londres, la marque Crina Bulprich incarne toute l’identité transylvanienne de sa créatrice. Inspirée par ses souvenirs d’enfance passés au contact de la nature, elle insuffle à son label de slow fashion nostalgie et émotion à des silhouettes confortables valorisant la beauté dans tous ses aspects.
SITUATIONIST (Géorgie)
Imaginé par le créateur autodidacte Irakli Rusadze en réponse à la production de masse qui caractérise le monde de la mode contemporain, SITUATIONIST propose des pièces uniques, signé par les couturières qui les créent. Côté esthétique, là non plus, pas de fioriture inutile qui feraient trop vite passer le vêtement de mode : les pièces sont brutes, minimaliste, voire presque austère, évoquant le passé post-soviétique de la Géorgie.
ANCUȚA SARCA (Roumanie)
Originaire de Roumanie, la designer Ancuta Sarca lance sa marque éponyme à Londres en 2019 avec un objectif : élever l’upcycling de soulier au rang de haute couture, elle qui se souvient des fins de mois difficiles et de la créativité des femmes de sa famille pour faire vivre des vêtements plus longtemps. Imaginant des modèles hybrides entre escarpins et sneakers, la jeune femme joue avec les codes du genre tout en prônant une mode éco-responsable. Un parti pris audacieux qui lui a notamment permis de remporter le FNAA Emerging Talent Award en 2023.
Nensi Dojaka (Albanie)
Lauréate du Prix LVMH 2021, la créatrice albanaise Nensi Dojaka s’est vite imposée comme la star de la région et des célébrités-mode comme Emily Ratajkowski, Dua Lipa et Bella Hadid qui ne jurent que par ses modèles féminins et graphiques rendant hommage à la mode des années 1990. Si elle a fait ses études à Londres, la jeune femme n’en oublie pas pour autant l’Albanie qu’elle revendique comme régulièrement comme point de départ de tout son succès.
Aleksandre Akhalkatsishvili (Géorgie)
Lancée par le créateur Aleksandre Akhalkatsishvili en 2018 en parallèle de son label MATERIEL, sa marque éponyme s’inspire des éditoriaux des années 1990/2000, des campagnes Gucci de Tom Ford ou des photographies de Gisele Bündchen. Une vision de la féminité badass, entre taille-basse et total look cuir, totalement revendiqué par le styliste originaire de Tbilissi qui rappelle dès qu’il en a l’occasion que les femmes de l’ex-URSS ont longtemps été obligées de porter les mêmes vêtements, souvent de mauvaises qualité. Ils souhaitent aujourd’hui leur offrir la possibilité de s’affirmer et mettre la Géorgie le plus en lumière possible.
25 avril 2025