L’élégance de l’Aïd selon la jeune génération

Le 16 juin dernier les musulmans du monde entier ont fêté la fin de la période de pèlerinage. Cette célébration religieuse est aussi l’occasion de s’apprêter. La nouvelle génération fait perdurer ce rendez-vous avec style.

Ce sont dans les rues de Anvers en Belgique, que Kawtar Ouh (photographe), Farah el Bastani (styliste) et Gladys Ferro (Make-up artiste) se sont données rendez-vous pour célébrer l’Aïd el-Kebir, la fin de la période de pèlerinage, à leur manière. À leurs côtés, quatre femmes musulmanes qui ont choisi de célébrer cette fête religieuse du 16 juin dernier, en mixant élégance et tenues traditionnelles. Dans la série photos de cette communion, on baigne dans une mélange d’héritage culturel et de style moderne, présentant des bijoux et des robes marocains, ainsi que des accessoires pakistanais et plus encore.

ANCRÉ : Pourquoi est-il si important de s’habiller pour l’Aïd ?

Kawtar Ouh (photographe) : Les musulmans n’ont que l’Aïd el Adha (aussi appelé Aïd el-Kebir, ndlr) et l’Aïd el Fitr comme grandes fêtes au cours de l’année. Deux fois par an, Allah nous donne l’occasion d’organiser un défilé de mode complet, alors à nous de jouer ! Il est essentiel d’accorder de l’importance à l’Aïd, car il s’agit d’une fête spéciale. Non seulement pour nous, mais aussi pour que la jeune génération comprenne l’islam et s’en rapproche. C’est comme retourner à l’école après les vacances d’été, acheter de nouveaux vêtements pour être présentable. Cela vaut également pour l’Aïd.

Farah el Bastani (styliste) : Il est important de s’habiller pour l’Aïd afin de maintenir les traditions vivantes et de montrer notre respect pour les personnes âgées et notre héritage. C’est une façon d’exprimer notre respect et de nous habiller de manière élégante et respectueuse pendant la fête.

Comment les familles préparent-elles leurs tenues ?

Kawtar : Certains se font tailler des vêtements pour l’Aïd, d’autres en achètent de nouveaux. Cela dépend de chaque famille. Mais une chose est sûre, elles sont nombreuses à préparer à la dernière minute leur tenue pour l’Aïd. Et puis il y a une grande partie de la communauté musulmane qui n’a pas la possibilité d’acheter de nouveaux vêtements à cause des guerres, de la pauvreté, des génocides et bien d’autres choses encore. J’espère que les opprimés pourront vivre un Aïd paisible et joyeux, sans peur ni tristesse.

Farah : Les familles achètent généralement de nouveaux vêtements pour l’Aïd, souvent un jour ou deux avant la fête. Les préparatifs consistent, par exemple, à se faire faire les cheveux et les ongles, à préparer des biscuits et à confectionner des tenues. Et les longues attentes chez le coiffeur et au lavage de voiture. C’est un processus de longue haleine qui donne l’impression de décorer toute sa vie, de tout préparer pour cette fête.

Comment la nouvelle génération mélange-t-elle tradition et style pour l’Aïd ?

Kawtar : J’ai l’impression que les jeunes osent désormais davantage la mode et s’approprient leurs racines. Ils sont fiers de ce qu’ils sont et de leurs ancêtres. Cela peut se traduire par une tenue traditionnelle complète ou par un petit détail. Un bijou ou des chaussures par exemple. Certains osent parler de tendance, mais je pense que c’est quelque chose qui va durer.

Farah : Les nouvelles générations mélangent leur style de tous les jours avec des éléments traditionnels pour l’Aïd. Elles intègrent des éléments tels que le henné, les bijoux, les foulards et les couleurs vives dans leurs tenues, en y ajoutant des paillettes et d’autres détails festifs. Ce mélange d’héritage et de style personnel crée un mix unique et magnifique, témoignant de la fierté de leur culture. Au fil du temps, j’en suis venue à adopter davantage ces éléments traditionnels, leur trouvant beauté et authenticité, et les portant même en dehors de l’Aïd.

Quel est votre meilleur souvenir de l’Aïd lorsque vous étiez enfant ?

Kawtar : Le souvenir d’être tellement excitée à l’idée de porter sa nouvelle tenue que l’on souhaite même dormir avec. Le fait de regarder et de toucher constamment la tenue et de voir tous les membres de la famille et les parents dans leurs plus beaux vêtements. Cela n’a peut-être rien à voir, mais ma grand-mère me donnait secrètement 5 euros sans que mes parents le voient. Ce sont de nombreux souvenirs de mode qui ont été créés avec ma famille, Alhamdulillah.

Farah : C’était toujours très agréable de voir tout le monde s’habiller de ses plus beaux vêtements, ce qui arrivait rarement, ça rendait cette fête très spéciale. Nous rendions visite à la famille avec de nombreux cadeaux et, tout au long de la journée, j’étais tellement consciente de porter de beaux vêtements fraîchement repassés. Enfant, je voulais jouer, mais je faisais attention à ne pas me salir. C’était important et je me sentais très fière à l’école, surtout lorsque j’avais de nouveaux vêtements.

^{Crédit photo :
Photographe : @kawtarouh
Direction artistique : @kawtarouh & @farahelbastani 
Styliste : @farahelbastani
Assistantes styling : @prince.indgo & @gumnaaammm
Make-up et hair : @gladysferro}

^{7 juillet 2024}