VEJA lance son École de la réparation et rémunère ses élèves

Dans l’ancienne manufacture Tissel (Roubaix), une association fondée par Veja promet de former une jeune génération d’artisans à la réparation de souliers et de textile. 

Crédit photo : VEJA General Store

Déjà à la tête d’un store dédié à la réparation à Paris depuis 2024, la marque française de baskets VEJA s’implante dans l’ancienne capitale textile de Roubaix pour y ouvrir une école d’un nouveau genre : celle de la réparation. Rémunérant sa première promo de vingt étudiants au SMIC pendant un an, la formation mêle réparation textile et chaussure, éco-conception et entreprenariat, rythmée par des masterclass régulières de créateurs comme Pierre Hardy ou Alexandre Guarneri, comme le révèle le CMCM.

Un projet avant tout social

Pour constituer cette première promotion, les porteurs du projets ont misé sur la réinsertion et la réorientation, notamment en rencontrant des acteurs sociaux locaux. “Nous avons sélectionné ces jeunes grâce aux associations et foyers de Roubaix, raconte Sebastien Kopp, co-fondateur et directeur créatif de la marque dans un post LinkedIn, Oui, ils ont eu des parcours difficiles, parfois très difficiles.” Mais une trajectoire positive est encore possible. C’est en tout cas ce en quoi veulent croire Sebastien Kopp et Stephanie Calvino, directrice de l’école. 

La première promotion de l’École de la réparation. Crédit photo : L’École de la Réparation / Tissel

Fondatrice du collectif marseillais Anti_Fashion Project, Stephanie Calvino s’installe à Roubaix il y a huit ans et rencontre très vitre Benali, un éducateur social avec lequel elle enchaîne les projets à la fois créatifs et sociaux. “Un jour, en allant à Roubaix voir Stéphanie, on s’est dit : »pourquoi ne pas reprendre une ancienne usine et en faire un lieu incroyable ? Une école pour ces jeunes aux trajectoires difficiles,” poursuit Sebastien Kopp, Et c’est ce que je leur disais hier lors de leur rentrée, lors de l’ouverture de l’école :« On a façonné Veja avec Ghislain comme le projet pour lequel on aurait rêvé travailler. On a fait cette école de la même façon : comme celle où on aurait rêvé d’étudier, et on va se battre pour vous, mais il va falloir se battre avec nous. »

L’ancienne manufacture Tissel devient une école. Crédit photo : L’École de la Réparation / Tissel

Valoriser les métiers de la réparation

Un tremplin qui passe, pour VEJA, par l’artisanat et le réemploi. En rejoignant l’École de la réparation, les étudiants pourront se former à une quinzaine de métiers, allant de la cordonnerie au stylisme en passant par le design textile, la maroquinerie ou la retouche. Comme le détaille le CMCM, le projet (soutenu par la Ville de Roubaix, la Fédération Française de Cordonnerie, la Préfecture du Nord, la Chambre des Métiers et de l’Artisanat et quelques entreprises comme Maison Massaro ou 1083) est presque uniquement financé par des entreprises privées comme LVMH, Re_Fashion ou Green Got, (à l’exception de la Région des Hauts de France) et repose sur un investissement initial de 1,26 millions d’euros. Et pour cause : la filière de la réparation, souvent négligée, représente 455 600 emplois. Pourtant, les savoir-faires tendent à disparaître, avec moins de 3 500 cordonniers qualifiés aujourd’hui en France (contre 5 000 cordonniers dans les années 1950).

Malgré cela, le réemploi semble plus d’actualité que jamais, sonnant comme une alternative green à la surconsommation et à l’affaiblissement du pouvoir d’achat. De plus, depuis la mise en place d’un bonus réparation textile et chaussure en 2023, remboursant à hauteur de 6 à 25 euros via un fonds de 154 millions d’euros financé par les metteurs en marché, les Français sont de plus en plus nombreux à se tourner vers la réparation de leurs biens. D’après une enquête de l’IFOP, 4 Français sur 5 se disent prêts à faire réparer leurs vêtements ou leurs chaussures pour les porter plus longtemps (83%).

10 septembre 2025

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