Avec la créatrice Beate Karlsson, la réponse est oui.
Dans le radar des jeunes créateurs les plus farfelus du moment, on ne peut pas passer à côté de la suédoise Beate Karlsson. En février 2020, la designeuse avait fait sensation durant la Fashion Week de New-York en portant en guise de short ultra rembourré une réplique en silicone des fesses de Kim Kardashian. Une action qui l’a directement propulsée sur le devant de la scène de la mode new-yorkaise. Depuis, on ne parle que d’elle. Directrice artistique de la marque AVAVAV, elle s’est faite remarquer grâce à ses chaussures surdimensionnées prenant la forme de pâtes d’oiseaux géantes ou encore ses talons gigantesques en silicone reprenant la silhouette d’un pied humain. En septembre dernier, la chanteuse Doja Cat arborait fièrement ses cuissardes extravagantes sur le plateau des MTV Awards.« Ma plus grande motivation est de trouver de nouvelles idées que je n’ai jamais vues auparavant. Ce que j’essaie de faire, c’est de créer de nouvelles formes en morphant le corps, où une partie est familière et en la remixant. », confiait-t-elle à The Cut.
Bousculer les règles de l’industrie de la mode
Celle qui a grandi au sein d’une famille de créatifs, commence ses expérimentations hors du commun en travaillant l’argile puis la céramique. À 19 ans, Karlsson quitte la Suède pour s’installer à New York afin d’étudier la mode à la prestigieuse Parsons School of Design, dans laquelle elle se sent cantonnée dans une manière de créer beaucoup trop standardisée. C’est au cours d’un semestre à Londres, au sein de l’école d’art et de design Central Saint Martins, qu’elle commence à s’épanouir dans son processus de création expérimental : « Cela a été une percée pour mon voyage interne en tant que designer », explique t-elle. Après l’obtention de son diplôme et quelques brefs passages chez les marques COACH et Pyer Moss durant la pandémie, elle finit par être contactée par le duo suédois Linda et Adam Friberg, à la tête d’AVAVAV mais également de Cheap Monday et Monki, afin de dessiner pour eux tout en étant libre de créer et d’explorer sans être rattrapée par la vélocité du calendrier saisonnier de la mode.
Outsider et responsable
Au sein d’AVAVAV, elle crée différentes collections durables composées de tissus récupérés chez les marques de luxe comme Fendi, Burberry et Jacquemus. Mais aussi ses célèbres cuissardes « Bloody Shoes » reprenant la forme d’un pied géant. Durable, certes, mais dans la limite du possible. Elle insiste sur le fait qu’AVAVAV ne peut à ce jour être 100% vert et pointe du doigt le greenwashing incessant de certaines marques. « Au lieu de nous qualifier de durables, nous sommes transparents sur les complications que nous rencontrons au cours du processus de production et sur ce que nous pouvons et ne pouvons pas faire avec notre situation actuelle », détaille t-elle. « Notre objectif est d’être totalement écologiques, mais aujourd’hui, nous ne pouvons pas le faire et continuer à exister ».
Au cours des Fashion Week de Milan et Paris qui se sont déroulées le mois dernier, Karlsson a présenté la collection printemps-été 2022 d’AVAVAV en s’inspirant d’un univers subaquatique avec des robes en organza en forme de sirènes ou de bulles. « Les pièces donnaient l’impression de flotter et d’être sans friction – un mouvement que l’on verrait sous l’océan, en gros », explique-t-elle. Une collection largement applaudie par le public et qui lui vaudra sa présence au sein des Dover Street et H. Lorenzo de Los Angeles au printemps prochain.
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25 octobre 2021